Gerardmer, 23 juin 2009
La journée s'annonçait pourtant bien... Nous avons pris la route à 8h00 ce matin avec Hélène, et même si le temps était mauvais et froid, comme les jours précédents, nous espérions pouvoir suivre quelques cueilleurs. Beau projet. Une demi-heure après, en pleine route de montagne, la voiture tombe en panne. Après un appel à mes parents qui m'ont prêté la voiture, je téléphone à l'assurance, puis au dépanneur, et le garage avait été prévenu. J'ai même réussi à prendre quelques rendez-vous Arnica en attendant la dépanneuse ! Heureusement, une fois la voiture remise en état, nous avons pu repartir peu après midi, ce n'était pas trop grave...
Les rendez-vous du matin ont donc été annulés ou reportés, comme celui avec Mr Schickel, agriculteur signataire de la convention. Malgré notre arrivée en pleine heure du déjeuner à sa ferme-auberge, il a pris le temps de me parler de l'Arnica, avec son accent alsacien jovial et prononcé ! Souvent pointés du doigt comme les responsables de la disparition, il rappelle qu'il faut bien que les agriculteurs puissent travailler, produire de la bonne herbe pour le bétail (ce qui sur cette terre acide s'optimise en chaulant ou en répandant du fumier, pratiques néfastes à l'Arnica), et faucher au bon moment. La convention leur impose quelques contraintes, mais s'il est plutôt favorable à la préservation de la plante, il n'envisage pas d'agrandir la zone de cueillette conventionnée sur ses terres.
Pour le pâturage, c'est encore un autre problème. Les vaches ne mangent pas l'Arnica, ce qui est dû aux poils présents sur les feuilles qui font comme une brosse, difficile à supporter par les palais sensibles des animaux. De plus, manger par erreur de l'Arnica peut être dangereux. Plante médicinale, elle est aussi toxique à forte dose et Mr Schickel a déjà eu des génisses avortées à cause de l'absorption de ces substances par les vaches. Donc cela veut dire qu'il ne peut utiliser ces pâturages qu'une fois l'Arnica cueillie, après le 14 juillet en général. Contrainte supplémentaire, acceptée par les signataires de la convention.
Après un bon déjeuner dans la ferme-auberge de Mr Schickel (avec au menu du...fromage !), nous avons repris la route pour quelques kilomètres avant de voir un nouveau groupe de cueilleurs, menés par Laurent, un des cueilleurs présents à la réunion d’hier. Il affirme catégoriquement que la cueillette a lieu trop tôt, les fleurs n'étant pas bien ouvertes, mais s'il ne cueille pas, d'autres vont le faire. Il confirme aussi que la récolte ne sera pas bonne cette année...
Nous avons laissé ce petit groupe à leur tâche rendue d'autant plus difficile par le vent froid qui soufflait sur les prairies, puis nous avons été voir un autre agriculteur, qui possède de nombreuses terres appartenant à la surface conventionnée. J'ai là senti un discours plus "politiquement correct", comme s'il fallait vraiment améliorer l'image des agriculteurs sur le sujet de l'Arnica, en occultant un peu la réalité des pratiques agricoles encore mises en cause.
Un après-midi très informatif qui a compensé la matinée un peu inattendue... Maintenant, il faut que j'aille manger mon kilo de munster de la soirée...