Des Solutions

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L'homme a un vrai rôle à jouer dans la préservation de l'Arnica. Cette plante se développe dans des zones déjà modifiées, plus vraiment sauvages, il faut donc compter avec la présence humaine et animale.
Ces activités humaines participent au tissu économique et social, il serait dommage d'en arriver à les exclure complètement pour devoir protéger la plante. Il est donc important de modifier d'urgence les pratiques destructrices, afin de cohabiter. Quelles sont les solutions pour rétablir l'équilibre ?

La première, en partant de cette idée de cohabitation, est la concertation entre toutes les parties prenantes. Le dialogue et le respect des intérêts divergents sont les seuls garants de mesures acceptés par tous.

L'exemple des Vosges est tout à fait intéressant car il montre que les efforts allant dans le sens d'une concertation globale sont payants, même si le chemin restant à parcourir est long.
Le 22 juin 2007 a été signée la convention "ARNICA" sous l'égide de l'AVEM (Association vosgienne d'économie montagnarde), devenue depuis Vosges Développement, par : les communes, le Parc des Ballons des Vosges, les cueilleurs, les laboratoires, les organismes de contrôle (ONF, Brigades vertes,…), les agriculteurs, ainsi que d’autres partenaires institutionnels et organismes socio-économiques. Cette convention comprend des consignes précises à l'intention de chacune des parties.
Avoir réussi à rassembler toutes les parties prenantes est une première étape très importante, qui concerne une zone de 130 Ha. Même si toutes les consignes ne sont pas encore respectées, l'initiative tend à s'étendre. La commune de Munster par exemple, souhaite rejoindre Fellering, Oderen et Ranspach dans la convention. Ce qui signifie que de nouveaux terrains vont venir agrandir la zone conventionnée. De plus, et c'est un point très important, tous les acteurs sont maintenant conscients de la nécessité de préserver l'Arnica, et des mesures à prendre. Un agriculteur ne peut plus prétendre qu'il ignorait les effets du chaulage sur la fleur. Cette connaissance des effets des pratiques agricoles sur la préservation est une première étape.

Alors, quelles sont les consignes pour chaque partie prenante dans la protection de l'Arnica ?

Pour les agriculteurs: tout amendement chimique, chaulage des parcelles, apport de fumure organique ou minérale, traitement phytosanitaire, semis et sur-semis est proscrit.
Les agriculteurs s'engagent également à entretenir les hautes chaumes grâce à une fauche tardive (après le 15 juillet), et un chargement animal compris entre 0,5 et 1 UGB/ha* sur la saison de pâturage, estimée à 7 mois maximum.

Cela ne leur pose pas trop de problèmes dans les zones difficiles et inaccessibles aux machines, mais c'est plus difficile pour eux de résister lorsqu'il s’agit de grandes prairies où en quelques jours ils peuvent ramasser de quoi tenir l'hiver!

En compensation du manque à gagner sur ces parcelles alors peu rentables, les agriculteurs bénéficient de subventions dans le cadre des MAE, mesures agri-environnementales. Par exemple dans le Parc du Morvan, depuis 1996, les agriculteurs bénéficient de MAE sur les prairies paratourbeuses. Ce sont des contrats de 5 ans où l'agriculteur s'engage à respecter un cahier des charges (interdiction d'amender, de chauler, d'utiliser des herbicides ou autres pesticides et engagement à entretenir la prairie) contre une indemnité qui peut s'élever à 211€/ha/an. Ces mesures ne sont pas destinées spécifiquement à l'Arnica, mais en protégeant son habitat, la fleur trouve alors des conditions propices à son épanouissement.

Les communes sont propriétaires des terrains loués aux agriculteurs. Elles peuvent alors établir des conventions spécifiques avec les agriculteurs exploitant les parcelles identifiées sous la forme de prêts à usage (commodats), qui assortissent le bail d'obligations. Les communes ont aussi un rôle à jouer dans la facilitation des rapports entre cueilleurs et agriculteurs. Par ailleurs, les communes sont aussi responsables des activités de loisirs et en ce sens peuvent faciliter la mise en place de mesures de protection de l'Arnica. Dans les Vosges, les communes signataires de la convention délivrent les autorisations aux cueilleurs (la carte coûte 110 euros). S'il devait y avoir un jour une limite à la pression de la cueillette, ce serait aux communes de mettre en place cette mesure.

Les laboratoires pharmaceutiques doivent eux demander une autorisation de récolte auprès des communes, ou vérifier que leurs cueilleurs ont une carte. Ils jouent le jeu de la transparence en communiquant leurs tonnages annuels, ce qui permet de suivre l'évolution de la cueillette d'année en année. De plus, les laboratoires les plus impliqués participent financièrement à la réalisation d'études pour permettre de mieux connaître et protéger la plante.

Les cueilleurs enfin s'engagent à pratiquer une cueillette durable, ce qui dans les faits a toujours été le cas, puisque ce sont les premiers intéressés à préserver la ressource ! La cueillette durable consiste à: ne cueillir que les plantes en pleine floraison, laisser une tige fleurie tous les 5m2 pour la reproduction sexuée, ne pas récolter toute la racine mais seulement la partie qui est directement rattachée à la partie aérienne,...

D'autres pays européens ont mis en place des initiatives intéressantes. Ainsi dans les Carpates, une coopérative a été créée, réunissant cueilleurs et agriculteurs au sein d'une même structure. Les débouchés économiques de l'Arnica sont assurés, et le tout est validé par le WWF local. Encore une fois, la concertation et l'implication de toutes les parties prenantes est le meilleur moyen d’assurer la protection de l'Arnica.

Ces exemples sont valables pour les endroits qui sont encore exploitables. Dans la plupart des régions en France, l'interdiction totale de cueillette a dû être décidée afin de protéger le peu qu'il reste. Cela n'empêche pas les efforts de communication et les mesures d'incitation aux bonnes pratiques auprès des agriculteurs, afin peut-être dans le futur de "récupérer" des stations d'Arnica. Toujours dans le site du Markstein, dernier grand site français pour l'Arnica, l'interdiction de cueillette marquerait malheureusement l'échec de la convention et du dialogue. Tout est mis en place pour ne pas arriver à cette situation.

Toutes les menaces ne sont pas encore bien connues. Par exemple, les effets de la pression de la cueillette et des activités de loisir sur l'évolution de l'Arnica sont encore discutés (voir Les Menaces). De même, certains agriculteurs minimisent l'effet de leurs pratiques. Il est donc important de mettre en place des études et des protocoles scientifiques pour d'une part réaliser un état des lieux, et d'autre part connaître l'impact des activités humaines et climatiques sur la plante. Même si les durées sont courtes pour de telles études, sachant que la situation est urgente, la connaissance scientifique est un outil de plus pour aller dans le sens de la protection de l'Arnica.
Communes, cueilleurs, parcs régionaux, laboratoires, organismes publics et privés, tout le monde doit faire un effort pour travailler ensemble, et arriver à convaincre les agriculteurs de préserver l'Arnica, même si ce sont eux qui ont le plus d'intérêts contraires à le faire.

Vosges Développement affirmait trois objectifs dans le cadre de la convention. Premièrement, préserver ce qui est déjà "protégé" et s'assurer que la convention est respectée. Deuxièmement, mobiliser de nouveaux élus, de nouveaux agriculteurs, pour agrandir les zones conventionnées. Enfin, objectif plus lointain qui nécessite impérativement que les deux premiers soient atteints, développer la filière, avec de nouveaux laboratoires et cueilleurs, pour assurer une rentabilité économique qui protégerait de fait l'Arnica.

Souhaitons que ces objectifs et cette démarche aient valeur d'exemple pour d'autres régions, et que, en France et en Europe, pays développés qui se veulent un modèle pour de nombreux autres, nous réussissions à protéger cette fleur indispensable à nos pharmacopées, et préserver notre patrimoine végétal et culturel !

*L'UGB/ha est le calcul du ratio entre l'Unité de Gros Bétail, le temps passé par an sur les terrains en question, et la superficie. Ce chiffre permet de mesurer le chargement animal.
(sources : enquête de terrain juin-juillet 2009)

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