Kuala Trg., 25 mars 2009

Grand soleil ce matin ! La journée promet donc d’être chargée pour les prises de vues… Il s’agit surtout de retourner dans certains endroits repérés pour que Sanjit puisse photographier.

Première destination : Kampung Sabtu, et plus particulièrement la résidence Pura Tanjung Sabtu, ensemble de maisons traditionnelles transformé en complexe hôtelier particulièrement réussi. Nous avons été reçus par le propriétaire, Tengku Ismail, ancien designer de songket maintenant à la retraire. Le songket, c’est un tissu traditionnel entrelacé de fils d’or ou d’argent, utilisé par les sultans ou les personnes aisées. Maintenant, ce sont surtout les touristes qui en achètent, même si les familles royales continuent à réserver les plus belles pièces. Les prix varient de 10 € le mètre à plusieurs centaines d’euros en fonction de la complexité des dessins. Mr Tengku m’a donc expliqué que la résidence a été créée en 1992. Comme les autres, il a racheté sept maisons traditionnelles, les a réassemblées dans le style d’un palais du XVIIIe siècle, puis modernisées. Toute la structure est en chengal, ainsi qu’une bonne partie du mobilier, mais de grands panneaux vitrés remplacent parfois le bois pour éclairer l’ensemble. Problème : avec les vitres, la ventilation n’est plus aussi bonne, donc il a fallu rajouter l’air conditionné…
Nous avons passé plus de deux heures en sa compagnie, c’était un personnage assez amusant, très "haute couture" qui connaissait St Tropez dans les années 80, et qui jouait à fond ce rôle !

Après plusieurs autres visites, sous une chaleur écrasante qui contrastait fortement avec le temps de la veille, nous sommes retournés dans la fabrique de mobilier et panneaux sculptés de Mr Buhran. C’était intéressant car ils recevaient un groupe de quinze élèves venus de KL, envoyés dans le cadre d’un programme de promotion de l’artisanat.

Dans ce même cadre, la ville de Kuala Terengganu possède deux bus décorés de panneaux sculptés, avec un mobilier intérieur en chengal. Nous avons pu les apercevoir au moment où ils étaient tous les deux à l’arrêt près de l’office du tourisme. Un bon investissement public, car ils ne passent pas inaperçus !

Comme mon travail ne s’arrête jamais, la soirée a aussi été riche en informations. Deux amis de Sanjit de passage dans la région nous ont rejoints pour dîner. L’un d’eux était venu voir une terre que son grand-père lui a laissée en décédant. Habitant à KL, il n’a pas l’occasion de s’en occuper, et les animaux passant sur le terrain (singes, sangliers,…) dérangent les plantations voisines. Un voisin lui a alors suggéré de planter lui aussi du palmier à huile, en lui proposant de gérer la plantation pour lui. Dans le cadre d’un programme national de plantation, l’état offre les semences et fait un prêt de plusieurs milliers d’euros sans intérêt. Voilà une nouvelle parcelle de forêt qui va être défrichée au profit du palmier à huile. C’est vraiment triste. Toute la biodiversité locale souffre de cette situation. Où vont aller les singes, les oiseaux, les mammifères et toute la faune locale petite ou grande ? Le jeune homme reconnaissait que c’était important, mais ne voyait pas comment satisfaire ses voisins, tout en ne s’occupant pas du terrain, sans que cela lui coûte de l’argent, et si possible lui en rapportant. Sensibilisés au problème, avec Sanjit nous lui avons recommandé de planter du chengal, mais ce sera lucratif pour ses enfants, et à 30 ans il veut un profit immédiat. Le cœur du problème, quoi…