Kuala Trg., 23 mars 2009

Encore une journée passionnante et enrichissante ! Nous sommes partis avec Sanjit rencontrer Norhaiza Noordin, un sculpteur renommé qui utilise le chengal (évidemment !). Les deux heures de route nous en ont pris trois : nous nous sommes un peu perdus, et puis nous nous sommes arrêtés en chemin pour photographier les palmiers à huile, avec l’embarras du choix. J’avais demandé à Sanjit de les photographier pour illustrer les "menaces", et comme la lumière était belle, nous nous sommes arrêtés. Bon, sur la route nous avons aussi été ralentis par des vaches et des chèvres, une bonne excuse non ?

Nous sommes finalement arrivés à "Sri bakawali", l’atelier de sculpture de Norhaiza. Il a étudié avec les plus grands maîtres, et à 46 ans il est considéré comme l’un d’eux. Un passionné du chengal, il m’a demandé de l’aider à communiquer sur le sujet. Ça tombe bien, c’est justement le but de ma recherche ! Il a fait honneur à la tradition d’hospitalité des Malaisiens, et nous a finalement fait visiter également sa maison, une magnifique bâtisse comprenant un corps central en brique et chengal, et deux maisons traditionnelles en chengal (comme d’habitude démontées et remontées) en annexe. L’une d’elle est en chambre d’amis que je suis invitée à venir occuper si je reviens. Je retiens ! A la fin, il m’a aussi offert un petit panneau sculpté pour l’exposition.

Puis nous avons repris la route, en nous perdant encore une fois, pour visiter le projet de restauration de Mr Alex Lee. PDG de Ping Anchorage, gros opérateur touristique, il mène ce projet de restauration de 27 maisons traditionnelles pour en faire un musée d’une part et un hôtel de luxe avec des maisons disposées comme les anciens palais de sultans. Les bénéfices de l’hôtel serviront à racheter d’autres maisons en chengal pour les restaurer et les conserver. Certaines maisons trop abîmées pour être restaurées sont rachetées quand même pour servir de "pièces détachées" dans la restauration des autres.
Je m’attendais à rencontrer un businessman pressé, j’ai rencontré un homme passionné, serein, ancré, sûr de ses racines et la tête tournée vers l’avenir, avec cela simple et chaleureux. Une autre magnifique rencontre. Ce qu’il disait était passionnant. Pour lui, le chengal est lié à la mémoire de la Malaisie. Si les sculptures du XIXe siècle n’avaient pas été en chengal, les Malaisiens n’auraient rien su de nombreuses traditions, du mode de vie à l’architecture. Tout autre bois aurait pourri. Ces sculptures sont d’après lui les "livres d’histoire" de la Malaisie. Le chengal raconte les racines bouddhiques et hindoues des Malais, puis l’arrivée de l’Islam. Il raconte aussi l’intégration de toutes ces cultures.
Le tonnerre grondait pendant l’interview, réalisée à l’abri d’une vieille maison. La pluie est arrivée peu après.
C’est assez incroyable : le projet est en chantier, l’hôtel n’ouvrira ses portes que l’année prochaine, et déjà 500 personnes sont venues sur le site pour des visites : étudiants en architecture, sculpteurs, touristes curieux,…

Encore une journée de rencontres passionnantes et variées. Le retour vers Kuala Terengganu s’est fait sous la pluie, un grand classique, puis il a fallu que j’aille me connecter pour répondre à une interview par mail d’un journaliste de L’Expat. Intéressé par mon projet, il doit boucler avant mon retour sur KL. Je préfère voir les journalistes en direct, mais là je n’ai pas vraiment le choix… Et je suis très fière de donner ma première interview pour Plante & Planète. Mon but est de communiquer, sur les plantes, le lien avec les plantes, donc les journalistes sont des relais particulièrement importants du message !