Kuala Terengganu, 21 mars 2009
J’ai donc retrouvé Sanjit, et je dois avouer que je suis contente de laisser la prise de vue entre de bonnes mains. J’ai assez à faire à essayer de prendre des vidéos "droites" (sauf si la ligne d’horizon penche naturellement vers la droite, c’est ma façon de tenir la caméra qui est à revoir !).
Ce matin, direction Kandis, un projet de conservation de l’artisanat malais lié au bois, et surtout au chengal. Géré par Rosnawati, la femme du célèbre sculpteur Nik Rashidin maintenant décédé, l’ensemble est composé de trois vieilles maisons traditionnelles en chengal. Comme les autres que j’ai déjà vues, elles ont été achetées dans un village, démontées, transportées puis réassemblées. A Kandis, elles ont été transformées en musée, montrant de nombreux objets en chengal : sculptures de son mari, mais aussi stupas du XIXe siècle, moules à biscuits, portants pour des gongs d’appel à la prière, coffres,…
Pour elle, avant, les hommes avaient un cerveau et un cœur. Un cerveau, parce qu’il en fallait un bien développé pour construire de telles maisons et pour accumuler un grand nombre de connaissances. Un cœur, pour comprendre la nature et vivre en harmonie avec elle. Pour Rosnawati, aujourd’hui, nous avons le cerveau, mais nous devons réapprendre à écouter notre cœur. Je suis d’accord !
Les gens avaient un autre rapport au temps qui passe, et c’est intrinsèquement lié à l’histoire du chengal. Il fallait une dizaine d’année pour construire une maison traditionnelle, et cela ne posait pas de problème. J’aime bien la manière dont l’un de ses amis a illustré le temps qu’il avait fallu pour construire une maison familiale : "la construction a duré de l’âge où je pouvais me promener nu sans en avoir conscience, à l’âge où cela devient très honteux d’être nu", soit de l’enfance à l’adolescence.
Par chance, nous avons eu deux heures de soleil aujourd’hui et c’était pendant la visite de Kandis. Après, la pluie nous a fait modifier notre programme. En rentrant sur KT, nous avons fait un détour par l’aéroport local, pour voir un grand panneau de chengal sculpté dont on m’avait parlé. Le monument central ainsi que de nombreuses frises longeant les toits sont aussi en chengal. En investiguant un peu avec Sanjit, nous nous sommes rendu compte que les frises des étages supérieurs, que les touristes ne voient pas de près, étaient en fait en plastique peint en marron… Dans un but de préservation de l’espèce peut-être ?
Puis nous sommes arrivés dans un appartement que nous sous-louons pour la semaine. C’est plus sympa que l’hôtel, et pour le même prix nous avons deux immenses chambres, sans rats et sans punaises, au cœur de la ville. Les bouis-bouis en bas de l’immeuble sont rapidement devenus notre cantine…