KL, 7 mars 2009

Après le cours de chimie d’hier, la leçon d’architecture...
Il a d’abord fallu changer de chambre une nouvelle fois, les punaises et autres insectes ayant fait cette nuit encore un festin de sang frais (pourtant avec toutes les piqûres, il ne doit plus l’être tant que ça... en tout cas moi je ne le suis pas). Vive l’aventure de Plante & Planète !

Je suis allée au Badan Warisan Malaysia, un centre de ressource sur la culture traditionnelle malaisienne. J’avais pris rendez-vous, et une pile de livres sur l’architecture des maisons traditionnelles m’attendait.
La particularité de ces maisons, c’est qu’elles sont assemblées sans clou ni système métallique, juste en bois, elles sont donc démontables, comme dans un jeu de construction, puis remontables ailleurs.

M’étant donc familiarisée avec la structure des maisons, directement liée à l’organisation de la société malaise, je suis alors tombée sur un livre passionnant appelé Wood spirit, "l’Esprit du bois".
Pour ce peuple de marins et d’agriculteurs qui a du se développer entre la mer d’un côté et la jungle pas forcément hospitalière de l’autre, la forêt revêt une importance particulière. La culture et la société malaisienne ont longtemps dépendu du bois et des forêts. L’arbre n’était pas vu comme un élément isolé, mais comme faisant partie d’un tout harmonieux, et "habité". La forêt en Malaisie était une force à part, un royaume à l’époque méconnu, beaucoup craint et pourtant révéré. Il n’y a pas si longtemps, des cérémonies et rituels accompagnaient la coupe des arbres et l’utilisation du bois. On est loin de la déforestation à grande échelle ! Les Malaisiens craignent encore beaucoup les esprits de la forêt, les anciennes croyances n’ont pas disparu, malgré l’islam, religion d’état.
J’ai aussi appris que la force vitale du bois portait un nom, "semangat".

Après ce plongeon dans la culture traditionnelle, nous sommes partis avec Sanjit à Putrajaya, ville entièrement créée pour les instances administratives du pays. Nous avons été voir un hôtel de luxe presque terminé, dessiné par l’architecte Raja Bahrin, qui mêle l’utilisation du chengal aux constructions modernes. Je dois avouer n’avoir pas été particulièrement séduite par le résultat final, sans véritable charme.

Puis nous sommes allés visiter un parc dans lequel une maison traditionnelle a été réassemblée. Elle a été achetée dans un autre état, démontée, transportée, puis enfin remontée dans le parc pour servir d’exemple. C’est ce qui est fait maintenant dans le pays pour préserver le patrimoine : des établissements publics ou des hôtels de luxe rachètent ces maisons qui s’écroulent faute de soins et d’intérêt, puis les restaurent et les assemblent dans des lieux où elles seront "protégées".

Après une journée toujours pluvieuse, mais toujours intéressante, je vais essayer de passer une nuit normale... que le "semangat" anti-bactérien du chengal soit avec moi !