KL, 6 mars 2009
Ce matin, je suis partie rencontrer Elisabeth Vos, professeur de SVT au Lycée Français de Kuala Lumpur, que j’avais contactée peu de temps avant de partir. Elle-même m’a présentée au Professeur Jean-Frédéric Weber, pharmacologue français spécialiste de la flore malaisienne, et qui a découvert de nouvelles molécules grâce à l’étude du Chengal.
J’ai donc eu mon premier cours de chimie depuis bien longtemps ! Et ce qui m’a vraiment plu, c’était évidemment de rencontrer quelqu’un de passionné. Quelle que soit la matière, c’est toujours très intéressant.
Le Chengal présente un grand intérêt au niveau chimique, car son bois contient des dérivés polyphénoliques nommés oligo-stilbènes, qui seraient en partie la source de l’incroyable résistance du chengal à la décomposition et aux bactéries. Cette résistance permet aux traverses de voies ferrées en chengal par exemple de durer quinze ans, ce qui est exceptionnel dans un pays tropical comme la Malaisie. A titre de comparaison, les mêmes en hévéa résisteraient six mois. De même, une maison traditionnelle en chengal, bien entretenue, peut durer un siècle. Aujourd’hui, en traitant les bois, on peut arriver à les faire durer, mais le mélange d’arsenic, de cuivre, et d’autres substances peut être dangereux...
L’intérêt pour un chercheur chimiste, pharmacologue, c’est aussi la "complexité de la structure moléculaire". Pour Mr Weber, s’il arrive à modéliser la détermination structurale des oligo-stilbènes du Chengal, très compliquée, il pourra alors en déterminer d’autres plus simples, ce qui un jour pourrait aider à découvrir un médicament.
Après ce petit intermède chimique (j’avoue avoir regardé sur internet comment s’écrivait "stilbène" en rentrant à l’hôtel !), il m’a aussi donné plusieurs contacts pour poursuivre mes recherches. Pour finir, quand je lui ai demandé combien de temps encore il pensait étudier le chengal, il m’a répondu que quand il aurait fini avec le bois, il passerait à l’écorce...
De retour en centre-ville, je me suis promenée, pour essayer de capter un peu mieux ce mélange curieux de culture malaise, chinoise, et indienne (avec d’autres petites influences au passage),... que forme la culture malaisienne. Kuala Lumpur est une ville très moderne, pleine de contrastes et intéressante, mais je dois avouer que j’ai hâte d’être plongée au cœur de la nature. La jungle des centres commerciaux me frustre un peu… Il me reste quand même de nombreuses personnes à rencontrer ici. Ces premières journées sont déjà tellement riches !