Motupe et Trujillo, 22 sept 2008
Aux premières heures du jour, direction Motupe, un des hauts lieux du trafic de Palo Santo, et surtout de l’industrie des cagettes de fruits, responsable en grande partie de la disparition du Palo Santo (son odeur parfume les fruits...).
Nous sommes tout d’abord montés à l’endroit de la Croix de Motupe, pour voir l’artisanat local. Admirant le paysage splendide, nous avons fait la connaissance d’Orlando Culqui Castillo, qui vendait de la résine de Palo Santo récupérée par la famille. Une nouveauté, on ne m’en avait pas encore parlé. La résine mâchée soigne les bronches et en compresse sur le visage, elle chasse les mauvais esprits qui causent des déformations du visage.
Une petite boîte d’allumette de résine coûtait 5 soles (1,25 €). J’en ai évidemment acheté, et j’y ai même goûté. J‘adore l’arbre, mâchouiller sa résine beaucoup moins ! Elle colle aux dents et le goût est tenace.
Retour au village où nous avons rencontré Pedro Huanca, un sculpteur de bois sacré qui avait en stock quelques statuettes de Saint Antoine. Elles étaient intéressantes car il fait un trou dans la base, avec un bouchon, pour mettre un bout de papier avec une prière à l’intérieur de la statue. Il ne savait pas que le Palo Santo était menacé...
Puis nous avons cherché les fameuses menuiseries où se fabriquent les cagettes. Malheureusement elles n’ont pas été difficiles à trouver ! Dans la première, ils avaient fini leur stock de Palo Santo quatre jours auparavant. La deuxième ne le travaillait pas car ils savaient que c’était interdit, mais ils nous ont indiqué plusieurs endroits où les trouver. En plein dans le cœur du problème !
Enfin, nous avons pris un bus pour Trujillo, où nous avions rendez-vous pour assister à un événement très spécial. Une des personnes de la famille éloignée de Jorge, Maria del Pilar, fumigène régulièrement sa maison au Palo Santo depuis un an, suite à un diagnostic de cancer. C’était fascinant d’y assister. Toute la famille participe : sa mère mène la récitation des prières, les sœurs suivent, et Maria brûle le Palo Santo pour purifier sa maison. Et toute la famille ressent profondément les effets bénéfiques du bois sacré. Maria trouve que l’atmosphère de la maison est apaisée, purifiée, et la santé de tous ses habitants est bien meilleure. Leur maison est un véritable sanctuaire religieux. Je n’ai jamais vu autant d’images pieuses et de représentations religieuses dans un même espace, même dans une église ! Ils avaient aussi un crâne venant d’une personne sacrifiée au temps des cultures anciennes péruviennes. Un crâne d’une femme jeune de 17 ans, qui fait partie de la famille, à qui l’on parle...
Encore une fois, quelle journée ! La fatigue accumulée au fil des jours l’emporte sur l’intérêt de l’étude, je ne tiens plus debout, je n’arrive plus à aligner trois mots... Une nuit de récupération m’attend.