Ossélé, 4 juillet 2010

Cette journée a juste été une des plus belles depuis mon arrivée.
Nous avions rendez-vous à 7h00 ce matin avec Hilaire, un éco-guide, connu pour son aptitude à communiquer avec les éléphants. Avec lui, nous avons commencé par retourner au nouveau marché pour voir si le nkumu était livré. En une heure, nous avons vu un seul véhicule, et j’ai assisté à une scène incroyable où les femmes s'arrachaient le nkumu des mains, criaient, luttaient. La raison: une botte de nkumu s’achète à 200 francs, et une fois coupé et vendu au marché, le bénéfice peut atteindre 1000 à 1500 francs.

Après cette incroyable scène, nous avons pris un pick-up pour Ossélé. Le chauffeur devait être là à 8h00, il a débarqué à 10h00, et bien sur alors que nous l'avions réservé, il a embarqué plusieurs personnes à bord. Après ce contretemps, les heures passées au village ont été fantastiques. Le village d'Ossélé, c'est une quinzaine de maisons, un drapeau, un corps de garde, et beaucoup de forêts autour. Yacine, la nièce d'Hilaire, a été formidable. Jeune maman de 18 ans, elle nous a très bien expliqué sa relation au nkumu, comment elle avait appris de sa grand-mère à trouver une liane, puis à en chercher d'autres autour. Nous avons vu aussi de jeunes lianes, épargnées lors d'un débroussaillage pour créer une plantation de manioc, et qui vont être intégrées à la plantation. Si ces lianes ne trouvent pas de quoi s'accrocher pour grimper, elles meurent. Et ici, elles sont aidées. On voit bien que c'est le village d'un éco-guide, tout est fait de manière durable et harmonieuse. Puis Mama Angèle a préparé un des plats, avec des sardines et des petites crevettes, et j'ai enfin compris ce qu'était le "sel indigène", dont on me parlait tant: c'est de la cendre, mise à tremper et filtrée. Voilà une recette de base du nkumu. Puis Yacine a fait un plat tout simple, juste avec un peu d'huile de palme. Est venu ensuite le moment de déguster. C'était la première fois que Desirey en mangeait, ce qui était un miracle car il avait toujours refusé. Mais la cuisine des villages ne se refuse pas. D'ailleurs c'était très bon. Même le manioc qui l'accompagnait était parfait, sans arrière-goût. Fait au village, en prenant tout son temps, rien à voir avec le bâton de manioc fait mécaniquement en ville !
Après, nous avons juste profité de l'ambiance qui nous entourait. En discutant avec Yacine, elle m'a aussi donné d'autres usages du nkumu : coliques du nourrisson, énurésie des jeunes enfants, etc.
Le chauffeur est passé nous prendre avec deux heures de retard, mais là ce n'était pas gênant du tout, il aurait même pu prendre encore plus de temps !

Le soir, nouvelle "blague Teke" au moment du repas, dans la lignée de l'histoire du café et d'autres petites anecdotes similaires. Dans un petit restau local, je demande une salade sans sauce (sinon c'est une mer de mayonnaise importée où flottent les crudités). Au bout d'une heure, on m'apporte une salade surnageant dans un océan de sauce. J'avais été tellement écoeurée la dernière fois, où ils avaient fait la même erreur, que je renvoie le plat en disant que j'avais demandé sans sauce. Une demi-heure heure après, on me rapporte le même plat. Je renvoie. Le "gérant" vient me demander quel est le problème. Je lui explique, il me dit que les filles se sont embrouillées. C'est sûr, c'est compliqué, et il faut bien une heure et demie pour comprendre... Après cette nouvelle histoire, Desirey m'a appris qu'au Gabon, les Teke sont connus pour justement leur sens pratique limité, pour ne pas dire plus. De même que nous avons les blagues sur les blondes ou les histoires belges, ici ils ont les blagues Teke. Le problème c'est que souvent elles sont réelles !!!