Lastoursville, 14 juillet 2010

Quel plaisir de se réveiller le matin, d'être dans la nature, d'aller au marché accueillie par des sourires et des bonjours enjoués. Le charme d'une petite ville ou simplement de Lastoursville ? Je ne sais pas, mais j'apprécie.
Les femmes du marché ont parlé plus spontanément que leurs collègues des autres marchés. Elles m'ont montré les deux formes de "kumbu", comme on dit ici. Il y a le grand, amer, et le petit. Je ne suis pas sûre que ce soit la même espèce, il faudra quand même que je vérifie auprès d'un botaniste à Libreville.
Elles m'ont donné une nouvelle recette pour préparer le nkumu avec des graines de concombre pilées, grillées, et ajoutées à la préparation. Mmm, ça a l'air très bon !
Elles m'ont aussi donné une recette pour "laver le ventre" des femmes qui viennent d'accoucher, en préparant un bouillon de nkumu et d'"aubergines amères" (des petites baies rouges dont je n'arrive pas à trouver le nom scientifique).

Cet après-midi, ma fierté a souffert... Je me suis promenée aux alentours de la mission, sur un chemin emprunté par les villageoises qui vont aux plantations et qui rapportent parfois du nkumu. Je pensais en avoir trouvé toute seule, j'étais très fière. Puis j'ai croisé deux villageoises sur le chemin, et je leur ai demandé confirmation. Elles m'ont dit que ça n'en était pas. Pourtant cela ressemblait fortement aux feuilles que je garde comme exemple dans mon carnet ! Rien n'est perdu, il me reste encore deux semaines au Gabon.
J'ai passé une fin de journée tranquille en écoutant la répétition de la chorale gospel menée par les gentils séminaristes Eustache et Anicet. C'était du gospel "en langue", c'est-à-dire en dialectes ou en langues des pays voisins. C'était très beau, très entraînant et à la fin je me prenais à chanter aussi "Bako Léla" avec les femmes de la chorale, sur fond de ciel déclinant.
Le soir, pendant le repas avec le Père Martin, Eustache et Anicet, et Antoine, le gestionnaire, il a beaucoup été question de sorcellerie. A la télévision passait un clip d'un chanteur africain, qui avait sacrifié ses parents et sa fille aînée sur l'autel du succès. Sacrifié, comme dans "tué", à la demande des sorciers. J'avais du mal à y croire mais chacun y allait de son propre témoignage de telles pratiques, apparemment encore courantes. Je pensais que les sorciers étaient appelés pour des guérisons, mais certaines sectes sont encore puissantes, et les prêtres doivent faire avec.
Pour le succès de Plante & Planète, je vous rassure, je ne compte sacrifier personne, je compte juste sur la force du message !!!


suhagra.