Franceville, 8 juillet 2010
Après avoir mis plus d'une heure pour obtenir un seau d'eau pour me doucher (service à la gabonaise !), j'ai eu mon premier rendez-vous de la journée avec Mr Mbongo Mpassi, l'Inspecteur Provincial des Eaux et Forêts. Ce rendez-vous devait être le plus important de la journée, il a été le plus décevant. En fait il n'avait rien à dire sur le sujet du nkumu, à part qu'il en consomme. C'est moi qui lui ai donné des informations finalement, au moins l'échange n'aura pas été inutile. Ce que je comprends de toute façon, c'est que de nombreuses espèces animales emblématiques sont menacées, la priorité leur est donnée (ce qui est normal), mais que malheureusement c'est trop compliqué de faire tout en même temps et les autres espèces ne sont pas vraiment considérées...
J'ai ensuite rendu visite à la WCS, grosse ONG américaine qui a un bureau à Franceville, notamment pour suivre les populations d'éléphants. J'avais rencontré la chef de projet, Sandra, à Libreville, pour une réunion, et c'était un vrai plaisir de la retrouver ici.
Elle m'a proposé de la suivre dans un village l'après-midi, pour une gestion de conflit avec les villageois de Mopia, où une station de suivi a été installée, et où un braconnier influent cherche à mettre leur travail en péril pour pouvoir continuer à braconner tranquillement..
C'était très intéressant pour moi de voir cet aspect gestion communautaire, important dans tous les projets de protection de l'environnement et de sensibilisation.
Je passe sur les détails du conflit, mais ce que j'ai retenu des cinq heures de discussion dans le corps de garde, avec le chef de département et les chefs de village, c'est d'une part que l'équipe du WCS menée par Sandra et Modeste, a été formidable de patience. Il faut du courage également pour lutter pacifiquement (hors du système réglementaire) face à des villageois qui ne comprennent pas que ce qui est réalisé par l'ONG l'est pour eux. Ils ont demandé plusieurs fois ce que l'équipe avait à donner (ils voulaient 15 caisses de bière pour mieux discuter). Je pensais que c'était réservé aux blancs, mais non, même entre eux l'intérêt immédiat et financier est le seul mode de discussion. Les entreprises qui travaillent avec les communautés financent des projets, des fournitures scolaires, etc. Mais ils n'ont pas vraiment compris qu'une ONG ne pouvait pas fonctionner de la même manière !
Pourvoir aussi comprendre l'influence d’une assemblée de village dans les décisions a aussi été très instructif pour moi. Pour le nkumu, si des actions de sensibilisation sont menées, il faudra forcément passer par ce type d'assemblées. Mieux comprendre le fonctionnement d'un village, la mentalité des gens qui composent le conseil du village et les luttes d'influence a été une bonne introduction à l'environnement de travail des ONG sur place.
Un bel exemple de discussion entre parties prenantes, et vraiment je félicite Sandra pour sa patience et ses qualités de management.