Documentaire sur la Maile
Et voici le documentaire résumant cette recherche sur la Maile. Contactez-nous pour organiser des projections !
Here is the documentary in english :
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Alyxia stellata (J.R. & G. Forst.) Roem. & Schult.
Liane buissonnante de grande importance dans la forêt et la tradition hawaïenne, la Maile peut intéresser les scientifiques car son étude est riche et de nombreux domaines restent à explorer !
Histoire taxonomique
La Maile fait partie de la famille des Apocynacées. La Maile hawaïenne a d’abord été nommée Alyxia oliviformis, en rapport avec son fruit qui ressemble à une olive. De ce fait elle était reconnue comme endémique des Îles Hawaï.
En 2002, le taxonomiste Middleton a utilisé comme critère la taille et la forme étoilée de la fleur pour la renommer Alyxia stellata et l’inclure dans un groupe beaucoup plus large qui se retrouve dans tout le Pacifique.
Middleton lui-même a admis que des recherches étaient nécessaires pour donner à la maile hawaïenne un statut de sous-espèce ou de variété. En effet, les variétés de Maile d’Hawaï se distinguent des autres Alyxia stellata du Pacifique par des ovaires glabres et un bouton floral plus petit.
La classification de Middleton, faite à partir de méthodes obsolètes, ne satisfait pas vraiment les botanistes. C’est pourquoi à Hawaï, ce sont les noms traditionnels qui sont majoritairement employés pour désigner les variétés. Les savoirs populaires permettent des références plus fines et plus justes que le nom latin.
Description et variétés
La Maile est une liane buissonnante ou buisson lianescent. Elle se sert des autres espèces comme support pour grandir et peut atteindre la canopée à plus de 60 mètres de hauteur en fonction du support.
Il existe 3 noms hawaïens pour décrire la Maile en fonction de son stade d’évolution. Kuhonua est la jeune pousse, le mot signifie littéralement « se tenir droit sur le sol ». Moekahi désigne le plant, et Maile l’adulte, qui peut produire des fruits.
Les variétés principales hawaïennes sont nommées d’après les cinq déesses de la légende de La’ieikawai. On trouve aussi mention dans la mythologie hawaïenne des quatre ou cinq « soeurs Maile » qui sont des esprits gardiens de la forêt. Les noms des soeurs sont les 5 variétés « reconnues » de Maile hawaïenne basées essentiellement sur la morphologie de la feuille :
– Maile ha’i wale (maile aux feuilles fragiles) : petites feuilles arrondies
– Maile lau li’i (maile aux petites feuilles) : feuilles étroites et pointues
– Maile lau nui (maile aux feuilles larges)
– Maile pakaha (maile aux feuilles émoussées) : feuilles rondes
– Maile kaluhea (maile à la senteur douce)
Dans les années 70, Saint John, botaniste, a fait une classification selon la taille et forme des feuilles et a trouvé plus d’une dizaine de variétés de Maile, onze ou treize selon les rapports.
Parmi ces variétés supplémentaires, la Maile lau li’i li’i qui a de très petites feuilles est la plus connue. Une chercheuse a récemment retrouvé dans de vieux journaux la mention de la Maile lau lipo lipo qui se traduirait par maile aux feuilles sombres.
La grande variation dans la forme et la taille des feuilles de Maile a été depuis longtemps reconnue aussi bien par les savoirs populaires (Beckwith 1940) que par les botanistes (Hillebrand 1888, St. John 1975, Wagner et al. 1990, Mabberley 1998, Middleton 2002). Les variations de la feuille pourraient être dûes non pas uniquement à la variété de Maile mais aussi à son écotype, son environnement.
Le nombre de feuilles par noeud est également variable. La Maile peut présenter 2, 3 ou 4 feuilles par nœud. Une chercheuse a trouvé une maile avec 6 feuilles par noeud.
Les fleurs sont blanches teintées de vert ou de jaune. Elles comportent cinq pétales et cinq sépales. Les fruits mûrs sont de couleur violet foncé et se présentent par deux, trois ou quatre. Chaque fruit contient une graine.
Quelle que soit sa variété, la Maile est connue pour son parfum. C’est la présence de coumarine dans la sève qui donne sa fragrance si particulière à la plante. Les Mele, chants traditionnels Hawaïens, célèbrent aussi bien le fameux parfum de la Maile que ses lieux d’origine.
Habitat et milieu
Suite à la nouvelle classification de Middleton en 2002, ce dernier a indiqué qu’Alyxia stellata était répandue dans toutes les îles du Pacifique. On la trouve sur toutes les îles de l’archipel d’Hawaï sauf d’après des écologues sur Kaho’olawe et Ni’ihau. Il est très probable que la Maile ait été présente sur ces îles mais que les fortes perturbations de leur habitat aient entraîné leur disparition (Wagner et al. 1990). Cependant, les cartes de répartition de l’USGS montrent une probable présence sur ces deux îles.
Les lieux les plus célébrés dans les Mele (chants traditionnels) pour leur Maile sont Kohiahi sur l’île d’Oahu et Panahewa, vers Hilo, sur Hawai’i island (Grande île).
Historiquement on pouvait trouver la Maile entre 50 et 2000 mètres d’altitude, dans tous les milieux secs ou humides, ouverts ou forestiers. La Maile est souvent considéré comme une plante de forêt tropicale alors qu’elle pousse dans une grande variété de milieux.
Cependant, les recherches de Tamara Wong sur le type de substrat préférable pour la Maile ont montré que le sol de forêt tropicale était le meilleur substrat car les années sèches, le sol reste plus humide. Le taux de croissance est similaire mais le taux de survie des jeunes pousses est meilleur.
La Maile, par sa présence au niveau du sol et sa taille est une plante très importante écologiquement, elle a une grande influence sur le milieu dans lequel elle vit. Elle aide notamment à la pénétration de l’eau vers les couches basses du couvert forestier et à la rétention de l’eau au niveau du sol.
Si Alyxia stellata est un objet de recherche pour les taxonomistes, la Maile dans toutes ses variétés est plébiscitée aussi bien par les botanistes locaux et les praticiens culturels que par les habitants des îles Hawaï dans leur diversité.
Sources : recherche de terrain et interviews en avril 2015 ; publications : Hillebrand 1888; Kalakaua 1888 ; Beckwith 1940 ; Pukui 1942 ; St. John 1975 ; Wagner et al. 1990 ; Abbott 1992 ; Mabberley 1998 ; Middleton 2002 ; Whitehead 2006 ; Wong 2011. Remerciements particuliers aux chercheurs et écologues suivants : Tamara Wong, Namaka Whitehead, Kara Ueki, Jim Jacobi, Sam Ohu Gon.
Merci à Julie Blaquié, illustratrice, qui nous a offert des dessins d’Hawaï. Vous pouvez consulter son blog http://www.juliebulle.com/ et son carnet de voyage d’Hawaï et retrouver des personnalités qui avaient jalonné notre propre chemin : Katie Cassel sur Kauai, Kara Ueki sur Big Island,…
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Le lei est un ornement fabriqué avec des éléments naturels et porté autour du cou. Les Hawaïens considèrent comme un grand honneur de recevoir un lei de Maile, plante associée à Laka, déesse de la danse et à la forêt. Les leis de Maile sont particulièrement appréciés des danseurs de hula et sont offerts lors d’occasions spéciales comme le mariage, la remise de diplôme,… De la collecte à l’offrande, la richesse de la tradition est passionnante et révèle la profondeur de la culture hawaïenne.
TRADITIONS ET REFERENCES
D’après un maître culturel, l’usage de la Maile serait probablement aussi ancien que l’existence des Hawaïens car de nombreux mythes, prières et chants traditionnels mentionnent cette plante, et notamment la Maile lau li’i de Kaua’i, la Maile de Ko’iahi à O’ahu, et la Maile lau nui de Panaewa.
Par exemple, la légende de Pele et Hi’iaka décrit une femme « complètement recouverte de guirlandes de Maile lau li’i« . Le fameux guerrier Kalelealuaka se serait couvert de leis de Maile lau li’i avant sa première bataille.
Le chant Noho ana i Hilo évoque « Les fleurs de Lehua des hautes terres arrosées par les fines pluies de Panaewa, dont les senteurs se mêlent avec celle de la Maile de Panaewa ». Mary Kawena Pukui dans son livre de dictons et chants traditionnels ‘Olelo no ‘eau rapporte notamment les extraits suivants : Ka makani hali ‘ala o Puna « le vent parfumé de Puna » ou Nani Puna po i ke ‘ala « Belle Puna, chargée de parfums ». Puna était connue pour les senteurs de Maile, Lehua et Hala. Il se disait que lorsque le vent soufflait depuis la terre, les marins pouvaient sentir le parfum de ces plantes.
Le parfum d’un lieu est un élément important pour les Hawaïens, c’est un signe que le lieu est sacré. Si une personne se trouve dans un temple ou sur le lieu d’un ancien temple et sent le parfum de la Maile, elle saura que les esprits de ses ancêtres sont avec elle et qu’ils l’entourent comme un lei entoure le cou. Les Mele kanikau (chant écrits pour un être aimé décédé) mentionnent souvent la Maile dont la senteur rappelle la personne aimée.
Dans la mythologie hawaïennne, la Maile est rattachée à Laka, déesse du Hula, un art cérémonial hawaïen de chants et de danses, et de la forêt. La Maile est une des 5 plantes qui étaient autrefois placées sur l’autel du hula, le kuahu hula. La Maile est aussi considérée comme le kinolau de Laka, une des formes sous lesquelles la déesse Laka apparaît sur terre, une plante dans laquelle elle s’incarne. Différentes prières témoignent de cette croyance.
Le chant suivant, Pupu weuweu e, Laka e utilisé pour demander la permission d’entrer dans la forêt et de récolter les plantes de Laka, fait référence à la Maile :
Pupu weuweu e, Laka e.
O kona weuweu ke ku nei !
Kaumaha a’e la ia Laka.
O Laka ke akua pule ikaika.
Ua ku ka Maile o Laka a imua,
Ua lu ka hua o ka maile,
Noa, noa ia’u,…
« Récolte la verdure de Laka.
C’est sa verdure qui apparaît devant nous.
Nous révérons Laka.
Laka est la déesse des prières puissantes.
La Maile de Laka se présente à nous,
Répands les graines de la Maile.
Libre, je suis libre… «
USAGES COURANTS
L’usage principal de la Maile est donc le lei. Symbole de paix, d’engagement, de réussite, offrir ou porter un lei c’est aussi recevoir la force et l’abondance de la forêt. La Maile est perçue comme un cordon ombilical avec la terre, c’est pourquoi les Hawaïens y sont très attachés.
Dans le livre « Plants of Hawaii National Park – Plants and customs of the South Seas », l’auteur rapporte qu’en temps de guerre, les chefs souhaitant un armistice se retrouvaient dans un heiau, un temple, et tressaient ensemble un lei de Maile. Quand le lei était terminé, alors les hérauts annonçaient la bonne nouvelle au peuple.
Les danseurs de hula, rendent hommage à Laka et s’en inspirent en portant un lei de Maile. Lors du Merrie Monarch Festival, le grand festival annuel de hula à Hawai’i, des compagnies entières portent des leis de Maile, seuls ou en plus de leis floraux accordés à la danse choisie, notamment pour les danses de style ancien.
Une fois un spectacle de hula terminé, les leis doivent retourner à la nature : au cœur du volcan ou au pied d’un arbre en fonction de ses possibilités.
Le lei de Maile est aussi offert lors d’événements de la vie : diplôme, mariage, enterrement, inauguration, fête honorifique pour un lieu ou une personne,…
Le lei de Maile est ouvert des deux côtés. La partie gauche qui est la partie douce et la partie droite, qui est la partie forte, se rejoignent dans le lei et créent un équilibre. La personne qui l’offre au destinataire le pose sur ses épaules, puis, sauf dans le cas d’une femme enceinte, le referme pour que l’énergie de la personne et du lei circulent et ne s’échappent pas.
Après la cérémonie de remise de diplôme, la famille remet au jeune diplômé un lei de Maile. Il peut arriver que, de nombreux membres de la famille ayant participé à la collecte, les leis soient formés de plus de vingt brins! La remise du lei de Maile rajoute un grand honneur à la remise du diplôme.
Lors d’enterrements, un lei de Maile peut être mis dans le cercueil. Pour la famille, cela symbolise les événements de la vie de la personne tressés ensemble pour en faire un parcours de vie, des souvenirs qui seront emportés dans l’au-delà et qui formeront un lien avec ceux qui restent. Lorsque le sénateur de Big Island est décédé en 2013 aux Etats-Unis, ses proches ont demandé à déposer un lei de Maile dans le cercueil car c’était une figure emblématique de l’île. En 24 heures, un lei a été récolté, tressé puis envoyé par avion pour pouvoir le mettre dans le cercueil.
Il n’est pas rare de voir dans les maisons hawaïennes des portraits de personnes décédées avec un lei de Maile séché autour, qui symbolise le lien qui unit toujours la personne avec les habitants du lieu.
La demande de leis est donc constante certainement car elle accompagne la vie des Hawaïens de la naissance à la mort.
Les autres usages de la Maile sont peu nombreux. Des documents anciens révèlent que le jeu de ‘ume, jeu « amoureux » par lequel les personnes âgées désignaient autrefois les jeunes gens qui devaient s’accoupler était pratiqué avec une baguette de Maile.
De nos jours, la Maile est aussi utilisée en cosmétique artisanale pour son parfum mais les fabricants n’ont pas encore réussi à capter son parfum caractéristique…
LA COLLECTE DE MAILE
Prisé par les anciens Hawaïens comme le matériau le plus noble pour fabriquer un lei, la Maile est une plante dont la collecte réclame traditionnellement de gros efforts : marcher dans les forêts sur des versants escarpés, récolter les robustes lianes en s’écorchant les doigts puis tresser les brins pour en faire un lei. Pas étonnant que recevoir un tel présent soit un grand honneur !
Traditionnellement, les personnes qui veulent cueillir la Maile pour fabriquer un lei se rassemblent, avec le halau (école de hula), en famille, avec des amis. En arrivant dans la forêt, ils offrent une prière à la forêt pour que la récolte se passe bien. Ils tressent le lei au fur et à mesure en y mettant des intentions pour le destinataire et quand ils ont terminé ils offrent une action pour la forêt : disperser des graines, enlever quelques plantes invasives,…
D’autres traditions complètent ce protocole. Par exemple un sac de riz blanc était utilisé auparavant pour collecter la Maile car le blanc symbolise la pureté. Aujourd’hui ceux qui veulent respecter la tradition utilisent une taie d’oreiller blanche. Des cueilleurs utilisent uniquement leur main droite pour récolter, car elle correspond au côté fort (« ku »). Le côté doux, la main gauche, sera utilisée pour positionner le lei sur les épaules du destinataire. Certains cueilleurs respectent une coutume encore plus exigeante, celle de tresser les « 5 soeurs », les 5 variétés de Maile dans un même lei pour équilibrer le lei. Cela demande de parcourir de longues distances dans la forêt car ces variétés ne se trouvent ni à la même altitude, ni au sein des mêmes types de forêt.
La Maile rend la forêt assez impénétrable, mais le cueilleur ne se plaint pas car il respecte cet enseignement de la plante : le forcer à ralentir le rythme et apprécier la forêt !
La récolte de la Maile a la réputation d’”arracher la peau des doigts”, et les cueilleurs réguliers le savent bien ! Un cueilleur occasionnel nous a même confié que la douleur qu’il ressent en récoltant et en écorçant la Maile montre au destinataire du lei, pour un mariage ou un diplôme, que symboliquement ceux qui lui offrent le lei seront là pour partager les peines et les douleurs de la vie.
Un cueilleur peut suivre le même protocole pour une plante cultivée dans son jardin que pour une plante cueillie en forêt : prière pour demande la permission, tresser le lei, offrir une action au jardin en remerciement,…
Aujourd’hui, la tradition complète est cependant peu respectée, chacun se l’approprie pour suivre son propre protocole. Et si autrefois tous les leis étaient fabriqués au sein des familles ou des halau, depuis quelques dizaines d’années on en trouve dans les boutiques des centres villes. Les cueilleurs professionnels, qui fournissent les boutiques, n’ont souvent aucun protocole traditionnel et répondent juste à la demande.
Que ce soit pour une récolte personnelle ou professionnelle, un permis est obligatoire, car la loi interdit toute récolte de plantes dans le domaine public sans permis. Ce permis est gratuit pour la récolte privée.
Plusieurs théories s’opposent sur le meilleur mode de récolte (voir menaces). Un des principaux fournisseurs de leis de Maile sur la Grande Île demande à ses cueilleurs de laisser trois nœuds de feuilles et de couper au-dessus. Seules les tiges tendres peuvent être récoltées pour faire un lei avant que l’écorce ne durcisse, mais il faut en laisser suffisamment pour ne pas détruire la plante.
LA CONSOMMATION DE MAILE
Ce fournisseur nous a donné les chiffres suivants.Il compte à peu près 12 variétés de Maile et le prix du lei dépend de la difficulté de trouver la Maile en forêt. Par exemple, il achète au cueilleur 8$ le lei fabriqué avec la variété la plus proche, celle à petite feuille. Le lei est généralement à trois brins. Il les vend aux boutiques entre 12 et 20$ et les boutiques les vendent entre 30 et 60$. Le prix dépendant de la variété de la Maile.
Les leis d’autres îles du Pacifique, tressés avec des variétés différentes de Maile, paraissent plus fournis car les feuilles sont plus grosses mais ne sentent pas le parfum typique de la Maile hawaïenne qui est recherché par les connaisseurs !
Le fournisseur a en moyenne trois cueilleurs qui travaillent pour lui et fournit environ 250 leis de Maile par semaine. Lors du Merrie Monarch et des semaines de remises de diplôme, on lui en demande parfois plus d’un millier par semaine.
Son succès en fait un objet de consommation courant, tellement demandé que l’import d’autres îles du Pacifique, notamment des Îles Cook, est nécessaire. Cet import massif de la Maile des Îles Cook est déjà mentionné dans des articles de presse locale datant de 1976, 1978 et 1981. Pourtant, dans les Îles Cook la Maile locale n’était pas utilisée pour fabriquer des leis, au contraire d’autres voisins du Pacifique comme les Îles Tonga.
Cordon ombilical avec la terre, lien entre danseur et son inspiratrice, lien entre récolteur et destinataire du lei, lien entre vivants et ancêtres, lien entre conjoints, la Maile est une plante sociétalement primordiale. Une prière à la forêt pourrait s’appliquer à la Maile : I ola ‘oe, i ola M?kou nei, « Parce que tu vis, nous vivons ». Alors pourquoi cette plante est-elle actuellement fragilisée ?
Sources : recherche de terrain et interviews en avril 2014 ; Honolulu star Bulletin de 17/09/76 et du 09/03/91, Honolulu advertiser du 30/06/78, Sunday star bulletin and advertiser, 07/06/81 ; Mary Kawena Pukui « ‘Olelo no ‘eau » ; Marie A McDonald et Paul R Weissich « Na Lei Makamae » ; Degener « Plants of Hawaii National Park – Plants an customs of the south seas ».
Pour en savoir plus sur le Hula en France :http://www.festivalartsdhawaii.com/halau-hula-o-manoa.html
Si Alyxia stellata n’est pas considérée comme menacée, la Maile hawaïenne est en déclin constant depuis plus d’un siècle et la tendance s’accélère. Certaines menaces concernent toutes les espèces endémiques des îles Hawai’i: destruction et modification de l’habitat, déséquilibres induits par les espèces invasives (plantes, animaux, bactéries),… D’autres caractéristiques sont propres à la Maile, comme le manque de dispersion des graines ou les méthodes de cueillette non durables.
UNE QUESTION DE TAXONOMIE
Certains chercheurs pensent que si Alyxia stellata n’est pas menacée, la Maile, Alyxia stellata endémique d’Hawaï (autrefois appelée Alyxia oliviformis jusqu’en 2002) et ses variétés pourraient l’être. Sa classification dans un groupe plus large incluant les autres variétés du Pacifique aurait donc modifié son statut.
Nous considérerons ici le cas spécifique de la Maile, à Hawaï donc, puisque les défis et menaces auxquels font face les variétés endémiques sont documentés pour le cas spécifique d’Hawaï.
HABITAT
Un peu de géographie et d’histoire sont nécessaires pour comprendre l’évolution écologique des Îles Hawai’i. Les Polynésiens avaient conçu un système nommé ahupua’a qui permettait à une communauté de gérer des terres de la montagne à l’océan, en passant par les différentes altitudes et les différents sols. Ce système permettait à tous de trouver les ressources nécessaires en eau, végétaux et animaux. Avec l’arrivée du Capitaine Cook en 1778 et la vague d’immigration qui a suivi, les règles d’attribution des parcelles ont été modifiées et en 1848 un acte juridique a confirmé cette nouvelle répartition. Ces règles prenaient en compte la taille de parcelle cultivable, notamment pour la canne à sucre, et non le paysage et l’écosystème.
La déforestation a été massive entre 0 et 600 mètres d’altitude et des écosystèmes riches en biodiversité ont été convertis en monoculture de canne à sucre, ce qui a entraîné la perte de nombreuses espèces qui vivaient dans ces forêts de basse altitude.
La Maile a fait partie des espèces très affectées par ce phénomène surtout parce qu’elle était essentiellement distribuée dans ces forêts, elle a perdu plus de la moitié de son habitat en quelques dizaines d’années.
ESPECES VEGETALES INVASIVES
Après cette déforestation massive, dans les années 1920, l’eau de pluie ruisselait jusqu’à la mer et n’alimentait plus les nappes phréatiques, les rivières s’asséchaient. La culture de la canne à sucre nécessitant de grandes quantités d’eau, les propriétaires des plantations se sont réunis pour trouver une solution. A cette époque, ils se sont dit que s’ils replantaient des espèces d’arbre locales, les gens allaient les couper pour les usages auxquels ils étaient habitués.
Alors les propriétaires de plantation ont missionné le Dr Harold Lyon, botaniste, pour trouver dans le monde des espèces d’arbres à adaptation et croissance rapide, sans intérêt commercial. Ils pensaient ainsi reforester et protéger la forêt à long terme. Ce programme a complètement bouleversé les écosystèmes hawaïens en précipitant la disparition d’espèces locales bien au-delà des zones de plantation.
Et c’est bien la définition d’une espèce invasive : ce n’est pas une espèce intrinsèquement dommageable à un écosystème, puisque dans son écosystème d’origine elle participe à son équilibre, c’est une espèce qui n’est pas à sa place et qui déséquilibre son nouvel habitat.
Parmi ces plantes, il y a le Schaefflera actinophylla (arbre ombelle) d’Australie, le Clusia rosea (arbre autographe) de la forêt amazonienne, le Ficus microcarpa (ficus ginseng) d’Asie, le Psidium cattleyanum (goyavier-fraise) du Brésil.
Une autre plante est sur la liste des espèces invasives les plus destructrices, Hedychium gardnerianum (longose), appelée localement « kahili ginger » ou « Himalayan ginger ». Elle a été importée comme plante ornementale par des américaines qui trouvaient que leur jardin manquait de fleurs. A cette époque, elles ne savaient pas que leur geste allait avoir des conséquences dramatiques !
Ces espèces sont à croissance très rapide, la compétition est trop rude pour les espèces locales, dont la Maile. Cette dernière peut mettre plus d’un an à germer et pousser comme le montre une étude en cours. Alors qu’il ne faut que quelques jours pour certaines invasives… Ainsi, lorsque les forêts d’Hawaï ont été frappées par d’importants ouragans il y a quelques années, les premières plantes à repousser ont été les longoses et goyaviers-fraises.
Les espèces invasives poussent aussi très bien à l’ombre et forment une couverture du sol qui étouffe les autres plantes. Les plantes sont en concurrence pour l’espace ainsi que pour les ressources en eau et en nutriments du sol. Cette compétition est généralement remportée par les espèces invasives au détriment des espèces locales.
Leurs graines sont petites et les oiseaux les dispersent sans problème sauf pour les fougères arborescentes australiennes dont les spores sont facilement dispersés par le vent. Ce qui explique que toutes les forêts soient affectées par le problème.
De plus, le goyavier-fraise sécrète des substances allélopathiques qui empêchent d’autres plantes de pousser autour de lui, générant des problèmes supplémentaires dans le couvert forestier.
Tous ces défis pour la Maile contribuent à la fragiliser, tout comme de nombreuses espèces endémiques. L’état d’Hawaï dispose d’une liste d’espèces interdites à l’importation, mais ce sont les espèces déjà identifiées comme invasives ! D’autres pays disposent d’une liste exclusive d’espèces autorisées et pour importer d’autres espèces il faut pouvoir prouver qu’elles ne sont pas menaçantes pour la flore locale. Ce n’est pas le cas à Hawaï.
ESPECES ANIMALES INVASIVES
Les ongulés sauvages apportés par les immigrants pour l’élevage ou la chasse sont souvent considérés comme très dommageable pour la biodiversité locale.
Les petits cochons sauvages polynésiens pesaient entre 20 et 30 kg maximum, leur impact était limité dans les forêts. Puis les immigrants sont arrivés après Cook et ont apportés avec eux les cochons européens. Ils se sont reproduits entre eux et maintenant les cochons sauvages pèsent plus de 150 kg et se reproduisent vite. L’impact est dévastateur sur la forêt. En plus des quantités de nourriture qu’ils ingèrent, ils déracinent les petites pousses comme celles de la Maile quand ils fouissent le sol à la recherche de nourriture.
Les cerfs ont été introduits plus tard pour la chasse. Leur population croit très vite et au contraire des petits mammifères endémiques, ils se nourrissent en hauteur. La Maile peut donc compter sur un prédateur supplémentaire.
Enfin, une étude a montré l’impact négatif des rats sur les populations de Maile. Là encore, au fur et à mesure des vagues d’immigration, des espèces différentes de rats sont arrivés sur les îles. La Maile produit des graines assez grosses et les rats se nourrissent de ces grosses graines dans les forêts, contribuant à leur destruction plutôt qu’à leur dispersion.
Parfois, on se dit que les humains pourraient bien être également considérés comme une espèce invasive pour la flore locale !
MENACES SPECIFIQUES SUR LA MAILE
Les graines de la Maile sont donc assez grosses et les oiseaux frugivores qui auraient pu disperser les graines de la Maile ont quasiment tous disparus. Ces oiseaux nichaient au sol mais les espèces apportées par l’homme ont détruit les nids et condamné ces oiseaux.
Il ne reste que deux espèces d’oiseaux frugivores, la Corneille hawaïenne, ou Alala (Corvus hawaiiensis) qui a disparu à l’état sauvage, et le Solitaire d’Hawaï, ou ‘Oma’o (Myadestes obscurus). La taille du fruit de la Maile est à la limite de ce que ce dernier peut avaler, alors s’il a le choix entre un autre fruit et la Maile, il n’ira pas naturellement vers la Maile.
Il n’y a donc plus de dispersion animale de Maile actuellement ce qui limite fortement sa régénération.
Par ailleurs, si la récolte est pratiquée de manière durable, cela n’affecte pas la plante. Mais les récolteurs particuliers ou professionnels n’ont pas toujours été initiés et formés à la récolte durable. Si la plante est récoltée trop jeune et quand elle est trop petite, alors elle ne survivra probablement pas.
Il existe deux méthodes principales pour récolter la Maile : l’une consiste à couper la tige écorcée pour que la blessure de la plante soit la plus petite possible. Cela éviterait que de nombreuses maladies et bactéries pathogènes nouvellement introduites détruisent la plante. L’autre méthode consiste à laisser la tige écorcée sur la plante pour lui laisser une chance de se régénérer ainsi. Une étude est actuellement en cours pour déterminer la méthode qui serait la moins dommageable pour la plante.
Le problème est également la surexploitation : il y a actuellement 1 million de pratiquants de hula (au Japon notamment) et plus de 8 millions de visiteurs par an. Comment faire face à cette demande de Maile ? Les leis importés ont de plus modifié la demande de leis de Maile. Les variétés des Îles Cook par exemple ont des feuilles plus grosses et des tiges plus fournies, même si elles n’ont pas de parfum. Cependant, la demande est croissante pour des leis bien fournis, épais (et parfumés) alors que certaines variétés de Maile ne s’y prêtent pas. Il faut donc rajouter des brins aux leis vendus habituellement dans les boutiques.
RICHESSES MECONNUES
C’est d’ailleurs un problème plus global. Si le public ne sait pas vraiment comment se présentent les différentes variétés de Maile locales, il existe un manque de connaissance général sur les espèces endémiques.
Les Îles Hawai’i sont des championnes en terme d’endémisme sur la planète, mais peu d’habitants ont la chance d’être en contact avec ces espèces endémiques au quotidien. Peu d’entre eux se rendent compte de l’incroyable richesse de la biodiversité locale qui vient de la position géographique particulière au cœur du Pacifique, entre volcans et océan.
Le manque d’interactions avec les espèces dans leur écosystème induit des comportements de consommation loin des interactions spirituelles des anciens…
La Maile hawaïenne est donc une espèce fragilisée, en déclin malgré son importance culturelle majeure. Quelles seraient les solutions pour la préserver et avec elle les autres espèces endémiques ?
Sources : Recherche de terrain et interviews en avril 2014 ; Shiels and Drake 2011, Wong unpublished work ; Buck 2003 ; Ticktin, Fraiola and Whitehead 2006 ; Honolulu star Bulletin de 17/09/76 et du 09/03/91, Honolulu advertiser du 30/06/78, Sunday star bulletin and advertiser, 07/06/81.
Préserver la Maile, c’est d’abord mieux comprendre son fonctionnement écologique et biologique et préserver son écosystème. C’est d’autre part se réapproprier les traditions qui entourent la plante de la graine au lei et qui encouragent à semer, planter, mieux récolter, éduquer pour enfin apprécier pleinement cette plante sacrée.
RESTAURER ET PRESERVER LA FORET HAWAIENNE
Arrêter le déclin de la Maile, c’est préserver son écosystème, la forêt indigène. Différentes pistes d’actions sont explorées par les associations et les écologistes locaux.
La première, c’est l’arrachage des espèces végétales invasives. Cette action est envisageable uniquement dans les zones qui ont gardé au moins 75% d’espèces indigènes, sinon le dommage est déjà trop grand.
Les associations ou les parcs nationaux qui pratiquent cette lutte contre les espèces invasives repèrent les zones qui contiennent de préférence des espèces menacées et qui se prêtent à une régénération naturelle des espèces locales.
Les espèces invasives animales, notamment les populations d’ongulés, doivent être contrôlées soit par éradication, soit en plaçant des clôtures autour des zones les plus fragiles ou qui viennent d’être replantées afin de protéger les jeunes pousses.
La préservation de la forêt restante est indispensable, cela peut passer par la replantation d’arbres endémiques emblématiques comme le Koa et l’Ohia, ce qui a été la préoccupation pendant des années. Maintenant il est aussi admis qu’il faut y ajouter la reconstruction d’un couvert forestier constitué de mousses, de fougères, et bien sur de Maile. Ces espèces aident à conserver l’eau pour toutes les espèces présentes. Dans les programmes dits de « restauration bioculturelle », la Maile tient donc une place de choix.
SEMER
Un acte facile pour préserver la Maile a dû être pratiqué dans les temps anciens car des chants traditionnels y font référence, comme celui cités dans Les usages. Ua lu ka hua o ka Maile: « Répands les graines de la Maile ».
En effet les graines peuvent s’accrocher des années sur la plante alors aider la Maile à disperser ses graines est important et d’autant plus crucial que les oiseaux qui remplissaient ce rôle ont disparu.
C’est une action facile à la portée de tous. Il suffit de trouver un fruit de Maile très foncé et charnu. Quand on le presse entre ses doigts, il s’écrase. Il suffit alors de prendre la graine, de nettoyer la pulpe qui l’entoure et la semer dans un endroit lumineux, sans herbe et sans autre Maile (puisque le but est de la répandre !).
Avant, les femmes semaient les graines de Maile dans des endroits accessibles, près des sentiers pour faciliter la récolte.
Cependant, pour assurer le succès du semis, il est toujours préférable de semer dans le même type d’environnement (altitude, type de forêt,…). A Hawai’i souvent les graines de Maile sont récoltées en haute altitude parce que les habitats ont moins subi de pressions et de dégradations, par contre les graines sont plantées à basse altitude puisque c’est là que les habitants vivent et souhaitent récolter et c’est souvent là que les programmes de restauration ont lieu. Or le taux de succès est bien moindre dans ce cas. Il est préférable de choisir de la Maile de basse altitude.
PLANTER
Semer est une action possible, planter en est une autre. Depuis quelques années, les plants de Maile sont de plus en plus demandés avec la tendance qui s’affirme de vouloir cultiver les plantes que l’on aime ou que l’on utilise.
Des projets de ferme de Maile sont en cours sur les îles de Kaua’i et la Grande île. Ces fermes expérimentent des techniques qui pourraient être utiles à tous ceux qui veulent en planter. Ils espèrent faire des récoltes ainsi que produire des plants.
Pour les projets de restauration ou pour les particuliers qui veulent planter de la Maile, une recherche a établi que plusieurs facteurs pouvaient contribuer au succès de l’opération :
– planter dans un endroit à l’ombre et bien drainé, car si la Maile aime l’eau, elle n’aime pas avoir ses racines dans l’eau stagnante.
– planter des jeunes plants ou des adultes, pas des plantules car le taux de mortalité trop fort. Pour déterminer la différence, l’âge n’est pas fiable il faut utiliser le diamètre basal.
– bien travailler le sol pour imiter un sol forestier. Dans les basses terres, à cause de l’agriculture intensive le sol manque souvent de matière organique. Il faut donc le revitaliser (avec des méthodes naturelles bien sûr !).
– de même que pour le semis, planter des espèces de Maile adaptées à l’environnement (altitude,…)
RECOLTER DANS LE RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT
Que la récolte soit personnelle ou professionnelle, il est important de respecter certaines règles pour préserver la Maile.
Une étude est donc en cours pour déterminer quelle technique est la moins dommageable pour la plante. Certains pensent qu’il faut couper la tige qui sera ensuite écorcée, car la blessure infligée à la plante est plus petite et laisse moins de possibilités de s’introduire aux bactéries pathogènes qui pourraient tuer la plante. D’autres écorcent la tige sans la couper, arguant que la plante peut se refaire une écorce mais qu’au moins la partie centrale de la tige reste sur la plante le traumatisme étant moins grand. L’étude en cours, sur plusieurs années, vise à montrer quels sont les impacts de chaque technique en termes de développement de la plante, de production de fruits, de repousse, etc. L’étude montre déjà que quelle que soit la méthode choisie, la récolte épuise la plante et le diamètre des tiges qui repoussent est plus petit.
Certaines règles s’appliquent donc dans tous les cas : récolter la quantité juste selon son besoin, ne pas choisir de plant et de tige trop petits, ne pas prélever plus de deux tiges par plant, choisir de prélever à partir d’un plant mature qui a plus de ressources pour se régénérer.
Dans les fermes de Maile également des études sont en cours pour voir quel est le meilleur moment pour récolter, combien de récoltes par plant sont possibles,…
Dans les prochaines années, de nouvelles données devraient donc permettre de savoir comment mieux récolter pour mieux préserver la Maile.
KULEANA
Après la récolte (voir Les usages), traditionnellement une action est réalisée pour remercier la forêt du don de Maile. Plus largement, la tradition évoque le Kuleana. C’est un très beau concept évoquant à la fois le droit et la responsabilité. Une personne a le droit d’accéder à la forêt et de prélever des ressources mais a la responsabilité d’en prendre soin et d’établir une relation avec la forêt.
C’est souvent cette deuxième partie qui est oubliée de ne jours dans le monde, et ce concept hawaïen devrait être connu de tous. Les associations qui oeuvrent à restaurer la forêt tentent de rétablir le sens du Kuleana dans les communautés et un mot d’ordre est Malama aina, « prendre soin de la terre ».
Pour la Maile, l’application du Kuleana peut donc être de semer, planter, nettoyer la zone de récolte des plantes invasives ou des déchets divers.
La Maile est une plante essentielle dans l’écosystème forestier hawaïen. De toutes les plantes significatives pour les Hawaïens, c’est aussi une de celles qui a le plus de chance d’être restaurée dans des zones accessibles à tous, où les habitants peuvent facilement y accéder et apprendre à l’apprécier. Par son côté sacré et sa notoriété pour la fabrication de lei c’est aussi l’un des meilleurs outils pour reconnecter les gens à la forêt et à leur sens des responsabilités !
Sources : Recherche de terrain et interviews en avril 2014 ; étude en cours de Namaka Whitehead ; étude en cours de Tamara Wong ; Ferme de Mahi’ai’Ihi à Wailea.
En fin de matinée, nous avons pu avoir un rendez-vous avec l’un des anciens « pickers » (récolteur de Maile) de Rick. Il nous a parlé de la manière dont il cueille la maile dans la forêt et à quel point c’est délicat. Il faut aimer faire ce métier. Nous avons fait un tour dans les jardins où il nous a montré quelques plants de maile. Très conscient de la valeur de cette plante et de son déclin, il cherche maintenant à travailler dans la production de Maile. A la fin, il nous a fait une démonstration de tressage de lei, et nous a offert un magnifique lei de Maile ! C’est un honneur de porter un collier de maile, surtout pour l’ouverture du Merrie Monarch le soir … Le Merrie Monarch Festival est le festival de Hula (danse hawaïenne) le plus important, et nous allons essayer de nous plonger dans l’ambiance !
Sur le site du festival il y avait de la queue depuis 4h du matin ! Arrivées vers 14h30, je suis restée dans la queue et Nathalie est partie se promener sur les stands de la foire artisanale pour aller interviewer des gens portant la maile. Ce n’était pas facile ! En tout les cas, nous avons réussi à avoir de bonnes places, et avons donc assisté à la cérémonie d’ouverture, puis aux danses de hula. C’était vraiment sublime, les danseuses portaient des robes magnifiques et les danseurs étaient habillés avec beaucoup de couleurs. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à interviewer les danseuses et des danseurs qui portaient la maile, nous avons tout de même quelques photos !
Aujourd’hui, toujours sur Big Island, nous avons fait la rencontre de Jim Jacobi, un naturaliste -botaniste du Volcanoes National Park, dont on nous avait beaucoup parlé. C’est une vraie chance car c’est quelqu’un de très occupé, il a pris le temps de nous recevoir pour répondre à nos questions ! Il a réalisé une grande étude sur la répartition des espèces natives dans les îles Hawaï, avec des résultats sur plusieurs années qui permettent de prévoir l’impact du changement climatique. C’était très intéressant, et à chaque interview nous apprenons des détails et des éléments nouveaux !
Ca y est ! Nous attendions avec impatience notre rencontre avec Namaka, scientifique et spécialiste de la Maile, à la Kamehameha School. Nous nous sommes donc donné rendez-vous au Volcano National Park. Nous sommes accueillies par Kara, une étudiante en stage chez Namaka. Kara est adorable, drôle et très intéressante. Nous avons commencé à lui expliquer notre projet jusqu’à la venue de Namaka. Toute deux sont des personnes très passionnées et enthousiastes à l’idée de nous parler de leur métier, la journée s’annonce bien ! Nous partons donc dans la forêt. Avant de rentrer au cœur de la forêt, Namaka demande aux arbres la permission d’entrée, en chantant. C’est important et agréable de se recueillir. Après quelques secondes de silence, nous pénétrons enfin dans la forêt. Namaraka et Kara commencent à travailler en mesurant la maile, en comptant les fleurs, et en examinant les feuilles pour voir si toutes les pousses se passent bien. En même temps, Nathalie et moi filmions et prenions des photos. Pour Namaka, la passion de la maile date de son enfance, elle nous racontait des histoires, comme quoi la maile lui a toujours portée chance et qu’elle apprécie sa fragrance. Nathalie et moi ne connaissions pas cette variété de maile, mais on arrive à la reconnaître grâce aux lignes sur ses feuilles, en particuliers la ligne qui contourne les bords de la feuille. J’ai pris en photo une feuille de maile en forme de cœur !
En fin de journée, nous sommes retournées au bureau de Namaka pour une interview.
Nous sommes très reconnaissantes d’avoir pu partager la journée de Namaka et Kara, et nous sentons pleines d’énergie pour la suite.