Documentaire sur le Palo Santo

Voici le documentaire réalisé suite à l’étude de terrain de septembre 2008.

Le Palo Santo from Plante & Planète on Vimeo.

Exceptionnel : vente de Palo Santo du Pérou !

palo santo vente bois sacré

On nous en demande souvent, et grâce à la venue récente de Miguel Puescas en France pour informer et sensibiliser le public au sujet de cette espèce emblématique mais fragilisée, nous pouvons vous en proposer à la vente. Cela nous permet de promouvoir une activité intéressante pour les populations locales qui donne de la valeur au bois mort et les incite à en replanter.

Le Palo Santo de Tumbes

Depuis 10 ans, Plante & Planète travaille en partenariat avec Miguel Puescas et l’Université de Tumbes pour monter des projets socio-environnementaux autour de cet arbre (voir notre reportage, le livret pédagogique, les missions des bénévoles…).

Le Palo Santo (Bursera graveolens) que nous vous proposons est récolté une fois l’arbre mort, ce qui lui permet de développer toutes ses propriétés tout en ne participant pas à la déforestation. Il est d’une très grande qualité.

Nous proposons des bâtonnets et buchettes que vous pouvez utiliser pour des rituels ou pour parfumer une maison.

Le plus simple pour le faire brûler est d’allumer une bougie, d’attendre que la flamme prenne, puis de souffler dessus pour que juste la fumée s’en dégage. La bougie permet de ne pas se bruler les doigts avec un briquet puisque cela demande un peu de temps avant que le bois prenne !

Les figurines ont été réalisées par un artisan local. Vous pouvez également les brûler ou vous en servir pour parfumer une pièce, un placard, un autel…

Prix et commande

Nous le vendons au poids, au prix de 0.25 € le gramme. Pour avoir une idée, les figurines valent entre 5 et 12 euros pièce (entre 20 et 50 g), et les bâtonnets de 1 à 20 € environ. Cela va nous aider à payer les actions pédagogiques que nous mettons en place autour du Palo Santo.

Pour commander, vous pouvez payer le prix que vous souhaitez mettre et nous vous enverrons des bâtonnets correspondants (merci de nous dire si vous préférez plusieurs petits bâtonnets ou un seul du montant total).

Frais d’envoi : nous comptons 5,50 de frais d’envoi pour un colis de moins de 250 g. Nous l’envoyons en colissimo, dans une enveloppe à bulle. Pour des quantités plus importantes, nous contacter.

Vous pouvez soit :

– envoyer votre chèque à
Plante et Planète – La Calvayrié – 81120 Mont-Roc
en précisant bien votre nom et adresse postale et un numéro de téléphone ou un mail pour vous joindre si besoin

– venir nous rencontrer sur nos événements !

– payer en ligne via helloasso (paiement sécurisé) en précisant bien que c’est pour le Palo santo et votre choix :

 

Trujillo, 12 sept 2008

Aujourd’hui c’est une journée d’organisation et de voyage. En début d’après-midi, nous avons été chercher le singe capucin, nous l’avons mis dans sa cage, puis nous avons embarqué dans le bus en direction de la forêt amazonienne. Nous avons pris un bus de nuit, d’une compagnie au confort sommaire, moins susceptible d’être contrôlée. Nous avions des papiers pour le singe, mais rien de très officiel ! En même temps, le trafic se fait plutôt dans l’autre sens… Chaque arrêt permettait d’aller voir le singe, de le nourrir et de vérifier son état. Il soulevait la curiosité à chaque fois. Le plus surprenant pour les gens, c’était de perdre une telle source de profit et d’aller rendre le singe à son milieu naturel !

 

Missions bénévoles au Pérou depuis 2013

MISSION 2013

Témoignage de Cécile Castelnau, bénévole, en mission au Pérou en mai 2013, dans le cadre d’un tour du monde :

“Plante et Planète” en espagnol, ça se dit “Planta y Planeta” ! Et autant vous dire qu’ici, au Pérou, il y a de plus en plus de gens qui connaissent la combinaison de ces deux mots très symboliques. Des petits comme des grands, les questions ont fusé de partout ! Et même s’il reste encore un énorme travail à faire au niveau de la sensibilisation à l’environnement, j’ai rencontré des personnes extrêmement motivées. Ça fait plaisir à voir!

Je m’appelle Cécile Castelnau et je suis en train de faire un tour du monde de deux ans sur le thème de la protection animale. Comme chacun sait, la nature est un tout qui regroupe notamment toutes les espèces, végétales comme animales. Il était donc pour moi très important de travailler conjointement avec Plante et Planète; la protection des plantes rejoint celle des animaux, et vice et versa.
La sensibilisation des hommes et plus particulièrement des jeunes générations est primordiale pour notre futur. J’ai pu également le constater avec le peuple péruvien qui attache de plus en plus d’importance à la protection de son environnement.

Le Pérou est un pays qui recèle des milliers de trésors naturels. J’y ai découvert des centaines d’espèces endémiques, végétales tout comme animales. Le Pérou, ce sont des couleurs dans les pétales de chacune de ses fleurs, dans les plumes de chacun de ses oiseaux, sur les feuilles de chacun de ses arbres, sur les ailes de chacun de ses papillons.

Dès mon premier jour sur ce beau territoire, je représentais Plante et Planète à l’université de Tumbes dans le nord du pays, aux côtés de Miguel Puescas Chully, professeur d’université sur la reforestation. Il se bat notamment pour la préservation du Palo Santo, cet arbre magique. Puis, ensemble, nous avons travaillé auprès de la direction générale de la forêt et de la faune, du ministère de l’agriculture, à Sullana. J’ai ensuite rejoint Luciano Troyes Rivera qui lutte sans relâche pour la conservation de la forêt sèche à Jaén, avec sa magnifique réserve Gotas del Agua. Enfin, j’ai terminé ma mission dans l’association Amazonia Viva, à Juanjui, dirigé par Roldán Paredes, qui travaille conjointement avec les cultivateurs de cacao pour préserver la forêt amazonienne, avec, en autres solutions, l’agroforesterie.

Avec chacun d’entre eux, Plante et Planète a élaboré un petit livret pédagogique en espagnol pour expliquer l’importance de la protection de la nature, et d’une plante en particulier. A Tumbes et à Jaén, les enfants de classes de primaire, qui avaient reçu le livret sur le Palo Santo, ont tellement été contents de celui-ci qu’ils m’ont demandé à ce que Plante et Planète en fasse sur le même modèle pour d’autres plantes de leurs régions. En Amazonie, le livret s’est étendu sur la forêt au sens large et l’impact sur les enfants des communautés qui y vivent est inestimable.

Grâce à Plante et Planète, cette merveilleuse association dirigée d’une belle main verte, j’ai pu faire des rencontres inattendues et connaître quelques secrets de la nature péruvienne qui m’ont transformée à jamais.
J’ai été très fière de représenter Plante et Planète au Pérou et j’espère que l’occasion se représentera dans d’autres coins du monde. Travailler auprès de ceux qui chérissent les plantes, n’est-ce pas là l’une des plus belles des missions ? Car n’oublions pas le plus important : protéger le lien vital qui unit l’homme au végétal !
Merci Plante et Planète ! Et longue vie à toi !

Compléments d’information de Miguel Puescas Chully

Le travail se poursuit. Parmi les contacts passionnants que nous avons eus au Pérou, Miguel Antonio Puescas Chully, professeur, continue de nous envoyer les résultats de son groupe de travail sur le Palo Santo.

Ci-dessous un document pdf présentant ses résultats !

 

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Menaces et Solutions

Pourquoi en 2007, les botanistes spécialisés ont-ils classé le Bursera graveolens en danger critique d’extinction selon les critères de l’UICN ?
Pour des raisons qui concernent d’une part la gestion globale forestière, d’autre part l’écosystème, lui-même menacé, et enfin à cause de caractéristiques propres à l’espèce.

Il faut avant tout préciser qu’il y a un manque d’information de la population péruvienne. Certes, la situation est un peu différente entre le nord du pays, région d’origine du Palo Santo, et le reste du Pérou, mais globalement les gens ne savent pas que le Palo Santo est menacé, même ceux qui l’utilisent ! Pour eux, tant que le Palo Santo est proposé sur les stands d’articles religieux, ou qu’il est trouvable sur les marchés et dans les herboristeries spécialisées, il n’y a pas de problème… La hausse du prix est pourtant un bon indicatif : il a quadruplé en un an ! En 2008, les grossistes l’achètent à 2 soles le kg (soit env. 0,5 €), et le revendent à plus ou moins 5 soles (1,25 € env.). Il était acheté à 0,5 soles le kg l’année dernière… C’est le seul élément qui commence à faire prendre conscience que, le prix augmentant, la ressource est peut-être en train de se raréfier…

Rentrons maintenant dans le cœur du problème : pourquoi la ressource se raréfie-t-elle ?

Malheureusement, et ce n’est pas un problème uniquement au Pérou, la gestion des ressources forestières doit vraiment revoir ses fondements avant de servir les espèces, menacées ou non.
En effet, entre le manque de concertation des pouvoirs publics sur les plans de gestion et la corruption à tous les niveaux de responsabilité, le Palo Santo, comme d’autres espèces, encourt des risques majeurs.
Comme l’a confié un ingénieur de l’INRENA, s’il essaye de réguler le commerce et refuse une licence pour l’extraction, le propriétaire forestier va demander l’appui d’un membre du congrès, ou un appui politique qui fera pression sur l’INRENA. Le propriétaire va généralement arriver à ses fins, au détriment de la gestion durable…

Pour délivrer une licence d’extraction, l’INRENA examine d’abord la superficie de l’exploitation, le nombre d’arbres de plus de 30cm de diamètre ou d’arbres malades (les seuls autorisés à être coupés). Enfin, ils vérifient qu’il y a un plan de gestion des ressources.
Ils ont délivré en 2008 trois licences pour l’exportation de Palo Santo, concernant du bois mort. Mais notre ingénieur n’est pas dupe, la majeure partie du commerce est clandestine.
Il faut savoir que les camions transportant le Palo Santo doivent passer par 6 ou 7 postes de police pour sortir. Etrangement, les trafiquants ne sont jamais inquiétés !

Pour conforter ce point, depuis 1991, des rapports existent sur les risques encourus par l’espèce, notamment à cause de la fabrication de cagettes de fruits. D’après le rapport de l’INRENA, après avoir épuisé les ressources de Palo Santo dans la région de Lambayeque dans les années 1990, c’est la région de Piura qui est actuellement sous pression des exploitants. Or, il n’y a jusque là pas de coordination entre les pouvoirs publics pour fermer ou punir les ateliers de transformation du Palo Santo déjà coupé illégalement. Ceux qui font des cagettes savent que c’est interdit, mais bien souvent, comme les autorités locales se rejettent toujours la responsabilité d’intervenir entre eux, rien n’est fait et l’activité continue aussi tranquillement que l’arbre disparaît.

Par ailleurs, dès la formation des ingénieurs forestiers, Il existe un manque : ceux-ci n’apprennent qu’à gérer les espèces « commerciales », et rien n’est enseigné sur la protection des espèces menacées. Quand ils sont recrutés à l’INRENA (Institut National de Gestion des Ressources Naturelles), qui pourtant
traite aussi des questions de protection de la biodiversité, ils ne connaissent pas le sujet, ni la manière de procéder. Seuls les passionnés trouvent le courage de s’y mettre et de donner vie à leurs convictions, à travers des actions qui paraissent souvent des gouttes d’eau dans l’océan…

C’est aussi un constat particulièrement frappant : les fonctionnaires intègres, les passionnés des plantes locales, jusqu’à des professeurs d’université reconnus, se sentent seuls dans cette action. Il n’y a pas de sensation d’appartenance à une cause commune, ils se sentent au contraire isolés dans leur combat quotidien. Il est dur de garder intacte sa motivation dans ce cas-là, avec toutes les pressions subies au quotidien.

Pour ne rien arranger, l’écosystème de la forêt sèche est menacé : tout d’abord, le mot « forêt sèche » (« bosque seco ») ne rend pas hommage à la biodiversité qui y vit. Dans l’esprit des gens, « sec » est associé à « sans vie », peu intéressant. Pourquoi donc faire des efforts pour la protéger alors que l’on peut la transformer pour lui donner une utilité ? Le mot, s’il est juste, ne fait pas justice à la vie végétale et animale endémique de ces régions !

Les étendues de forêt sèche, qui représentent tout de même 3% de la superficie totale du Pérou, sont donc progressivement transformées en terres agricoles ou en parcelles individuelles pour construire des habitations. C’est interdit, mais là encore, quelques dessous de table règlent l’affaire.
Enfin, le pâturage des chèvres et autres animaux fait des ravages dans la forêt sèche : les jeunes pousses ou les graines ont bien du mal à survivre aux mâchoires avides des bêtes en quête de verdure…

C’est d’autant plus inquiétant que le Palo Santo ne produit que peu de fruits. Il peut ne pas fabriquer de nouvelles graines pendant un, deux, voire quatre ans. De plus, seules trois espèces d’oiseaux mangent les fruits et dispersent les graines pour semer « naturellement » le Palo Santo. La diminution de l’écosystème affecte aussi la faune qui disparaît peu à peu ou se relocalise, y compris ces oiseaux semeurs…

Pour terminer ce constat alarmant, avec la raréfaction du Palo Santo, les exploitants n’attendent plus que l’arbre meure pour récupérer son bois, ils coupent l’arbre vivant. Pourtant, les composés chimiques changent à la mort de l’arbre et décuplent ses pouvoirs guérisseurs !

Heureusement, des passionnés travaillent sur le sujet : habitants, associations, fonctionnaires, universitaires… Toutes les bonnes volontés sont requises pour permettre au Palo Santo de continuer à nous enchanter !

De bons résumés des solutions pour protéger et valoriser l’espèce ont été donnés par Mr Chiroque et Mr Puescas, ingénieurs forestiers à l’INRENA. Déjà, il faut souligner que c’est une bonne chose de pouvoir compter sur des fonctionnaires intègres et motivés dans ces régions cruciales pour le Palo Santo !

Tout d’abord, il faut planter ! Le bois est tellement surexploité que sans un coup de pouce humain pour rétablir l’équilibre, la survie de l’espèce ne peut être assurée.
Comme le souligne Cristhian Saldarriaga, un étudiant passionné spécialisé sur le Palo Santo, c’est une semence très facile à travailler. Elle est rare, mais par contre peu exigeante : un sol sec lui suffit. De plus, les graines ne perdent pas leurs capacités de germination, même après des mois voire des années. Comme l’arbre ne produit pas de fruits tous les ans, les graines ont intégré cette capacité d’attendre le taux d’humidité et le moment idéal pour germer. Une fois le processus enclenché, il n’y a plus rien à faire qu’à la regarder pousser !

Planter, donc, mais en interdisant l’accès des zones plantées aux troupeaux (chèvres,…) pour ne pas mettre en péril les boutures ou les jeunes plants.

Toujours dans le cadre de la replantation, il est particulièrement intéressant de profiter du phénomène d’El Niño, le phénomène météorologique qui apporte des pluies formidables tous les 10 ans environ. A cette occasion, les semences poussent de manière incroyablement rapide, et c’est particulièrement vrai pour le Palo Santo. Quand El Niño s’approche, il faudrait être prêt avec des kilos de semences à planter. Prochain Niño prévu en 2011, il sera intéressant de voir si les bonnes idées ont pu déboucher sur une réalité !
Il reste encore un peu de temps pour arriver à coordonner toutes les parties prenantes, puisque c’est le point crucial dans ce cas-là.

Il est important d’évoquer les parties prenantes, il faut absolument une coordination qui soit mise en place au plus haut niveau de la hiérarchie et qui se répercute à tous les échelons. Une fois les tâches réparties et les moyens donnés pour atteindre les objectifs (ou, comme le dit Mr Chiroque, « une meilleure logistique, des véhicules, et plus de personnel»), il sera utile de créer des réserves, efficacement gardées contre le braconnage et la coupe illégale.

Il faut planter, c’est un point indiscutable, mais il faut aussi apprendre à valoriser ce qui existe. Pour Mr Puescas, il serait plus intelligent non pas de réprimander la population locale pour la taille illégale, mais bien de les orienter vers la valorisation et la protection de leur patrimoine. Rien ne pourra se faire sans eux. Il est important de faire comprendre aux habitants des régions où se trouve le Palo Santo qu’économiquement, ils auraient plus intérêt à le valoriser qu’à tout couper. Un herboriste interrogé disait que la pauvreté était responsable des menaces pesant sur le Palo Santo : les gens ne s’intéressent pas à ce qu’ils auront (ou pas) dans dix ans, ils ont besoin d’argent aujourd’hui, donc ils coupent.
Mais valoriser la ressource peut leur apporter de l’argent maintenant !

A Tumbes, l’association « Valle Hermoso » a monté un projet de replantation et de valorisation : dans le village de Puyango, les membres de l’association fabriquent des crèmes et des teintures mères de Palo Santo, utilisées par exemple dans le cas de rhumatismes, puis les vendent sur les marchés locaux. C’est une initiative particulièrement intéressante, financée en grande partie par le Programme des Nations Unies pour le Développement.

La gestion durable des ressources passera obligatoirement par l’implication des populations locales et la valorisation économique. Cette implication commence dès le plus jeune âge avec des actions de sensibilisation dans les écoles. Mr Chiroque a essayé de monter un programme de sensibilisation mais se heurte au manque de moyens. C’est une piste pourtant très importante !

Enfin, le tout nouveau Ministre de l’Environnement (le Ministère a été créé en mai 2008), Monsieur Antonio Brack Egg, a promis pour l’année prochaine une loi pour bannir la fabrication et l’usage des cagettes en bois, en s’inspirant du Chili qui commence à utiliser du carton. L’INRENA, qui dépend du Ministère de l’Agriculture, va aussi passer sous sa responsabilité, ce qui devrait donner lieu à des profonds remaniements, positifs nous espérons.

Ce Ministère n’a pas beaucoup de temps pour faire ses preuves, la situation est urgente. Aujourd’hui, la forêt amazonienne concentre tous les efforts au Pérou. Il ne faudrait pas oublier au passage la forêt sèche et le Palo Santo… Merci à tous ceux qui œuvrent à la conservation de cette espèce, et bon courage ! Plante & Planète vous soutient de tout cœur !

(sources : enquête de terrain septembre 2008, rapport de l’INRENA « Aspectos comerciales del Palo Santo Bursera graveolens en el Peru » 2007)

Ses usages

Tous les Péruviens connaissent le Palo Santo et chacun l’utilise en fonction de ses croyances et de ses besoins : à croire que l’arbre s’adapte et satisfait tous les désirs !

Mais le premier usage en termes de tonnage est bien loin des considérations spirituelles ou médicinales : il s’agit des cagettes de fruits et légumes. Le Palo Santo étant un bois parfumé, il donne une saveur particulière aux fruits stockés et vendus dans ces cagettes. C’est totalement illégal, mais malheureusement encore très courant…

L’autre utilisation la plus courante, et la plus connue, celle qui vient spontanément à l’esprit quand on interroge un Péruvien sur le Palo Santo, c’est la fumigation.
Soit pour une raison d’hygiène, puisque la fumée de Palo Santo est le meilleur insecticide naturel du pays, soit pour des raisons spirituelles.
En effet, le Palo Santo a cette propriété de dépasser les croyances religieuses pour toutes les servir :

– chez les Chrétiens, il sert d’encens. Des cérémonies rassemblant des milliers de personnes comme « El Señor de los Milagros » à Lima sont baignées de la fumée d’un encens préparé à base de Palo Santo. Il sert aussi dans certaines régions à fumigéner les vêtements des défunts afin de les purifier avant la mise en terre.

– certains chamans l’utilisent pour purifier un lieu ou une personne avant une cérémonie. Virgilio Segura Ruiz, chaman dans la région de Nueva Santa Rosa, raconte que pour soigner une personne « possédée », il utilise parfois le Palo Santo de cette manière : il allonge son patient, et passe le bois rougeoyant au dessus de lui, puis effectue le soin. Ensuite, il le place pendant dix minutes dans une pièce sans aération totalement enfumée afin de le purifier complètement. Il fumigène aussi parfois des voitures, pour éviter pannes et accidents, ou encore les maisons, pour les protéger ainsi que leurs habitants.

– les particuliers enfin, quelle que soient leurs croyances religieuses, l’utilisent également pour purifier leur maison. Dans les marchés, on trouve de nombreuses préparations toutes faites pour fumigéner, et qui promettent amour, gloire, fortune, chance, réussite professionnelle ou dans les études,… Un seul arbre pour toutes ces fonctions !

Le rituel de fumigation est accompagné de prières, soit « classiques » (Notre Père, Je vous salue Marie), soit spécifiques à la demande, de l’amour à la protection du bétail. Mais chacun est invité à laisser libre court à son imagination !

Une tradition voudrait que les rituels de purification soient effectués le mardi ou le vendredi. Pourquoi ces jours-là ? Il y aurait plusieurs explications : d’une part, mardi et vendredi représentent les planètes Mars et Vénus, deux planètes importantes en Astrologie, symboles du masculin et du féminin. D’autre part, explication donnée par un chaman, s’il a besoin d’aide dans le combat contre des forces négatives, il sait que les autres travaillent ce même jour et donc il peut faire appel à des énergies amies. Les énergies positives sont beaucoup plus disponibles pour lutter ce jour-là…

Bien loin derrière ces deux utilisations majeures, on trouve des usages plus confidentiels, mais non moins importants.

Le Palo Santo, en tant que bois magique, est sculpté afin de créer des objets sacrés. Les Chrétiens en font des croix à accrocher dans les maisons par exemple.
Mais intéressons-nous aux sculptures destinées aux chamans, aux guérisseurs… Nous découvrons un autre monde !

Par exemple, ce pied trouvé sur un marché…
Il peut avoir deux fonctions :
– si un chaman a jeté un sort à une personne par l’intermédiaire d’un maléfice qui est rentré par les pieds (cette personne a par exemple marché sur une substance contenant le maléfice), alors le chaman guérisseur va utiliser le pied de Palo Santo pour faire sortir le maléfice.
– certains chamans nettoient des énergies impures, et au lieu de les enterrer ou de les transmuter, ils les rejettent dans la nature. Des personnes risquent donc d’être « infectées » par ces énergies. Pour les nettoyer quand cela arrive, le chaman va utiliser le pied de Palo Santo, puis l’enterrer afin de transmuter les énergies négatives dans la terre.

Après le pied, la main ! Trouvée recouverte d’une couche de poussière chez un médecin naturopathe renommé, c’est une « main de la fortune », elle apporte la chance. Il faut allumer une bougie blanche trois jours consécutifs avec la photo de la personne qui a besoin de cette chance, puis laisser la vie faire son œuvre…

Il y en a des plus classiques, comme les statuettes de Saint Antoine… Lui, c’est pour l’amour. Si la statue a une tête, c’est pour un couple fixe, s’il a deux têtes, c’est pour protéger les amateurs de partenaires multiples, afin qu’ils ne se fassent pas attraper par la légitime…
Saint Hilaire, c’est pour l’argent : on prend la statuette, on allume une bougie jaune, on dispose un peu de monnaie autour, sans oublier les photos de soi-même ou de la personne à aider. Après trois jours, la personne garde la monnaie comme amulette porte-bonheur.

L’imagination du sculpteur peut aller plus loin : on peut trouver des sculptures de San Pedro en Palo Santo, et de nombreuses représentations d’objets sacrés…

Enfin, l’usage médicinal est très important, le Palo Santo ayant des propriétés reconnues. Par contre certains usages tiennent plus des croyances que de propriétés médicinales testées par des laboratoires. Ils ont été répertoriés au fur et à mesure de nos investigations, certains sont peut-être spécifiques à une région, voire à une famille, d’autres sont plus communs. La liste est non exhaustive !

Que faire en cas de :
– maux de dents : mâcher des brindilles
– maux de tête et migraines : appliquer de la résine sur les sinus et/ou les tempes
– douleurs d’estomac : boire une décoction d’écorce
– rhumatismes : faire macérer l’écorce dans l’alcool et appliquer la lotion
– douleurs (analgésique) : appliquer un emplâtre fait avec la résine sur la zone à traiter
– inflammations : appliquer la résine sur la zone à traiter
– insuffisances cardiaques : faire une infusion de résine, ou pour les enfants, une infusion du cœur du Palo Santo
– affections respiratoires : infusion d’écorce et de branches, ou mâcher de la résine, ou encore avaler un mélange de feuilles de Palo Santo broyées, ail, oignons et miel…
– paralysie ou déformation du visage : faire une compresse avec de la résine
– faiblesse générale : embrasser l’arbre !

Si l’enquête avait continué, nul doute que l’on aurait encore découvert de nouveaux usages. Cet arbre cher au cœur des Péruviens est tellement présent dans leur vie quotidienne comme lors de cérémonies exceptionnelles qu’il est souvent considéré comme un objet usuel plus que comme une plante vivante qui a elle-même besoin de soins !

(sources : enquête de terrain septembre 2008, et pour la partie sur l’usage médicinal : Diccionario Enciclopedico de plantas utiles del Peru, d’Antonio Brack Egg, Manual Divulgativo de especies forestales de la reserva de Biosfera del Norte de l’INRENA)

La plante

Bursera graveolens (H.B.K) Triana et Planchon
Nom commun : Palo Santo

Cet arbre appartient à la famille des Burseraceae, petite famille dont toutes les espèces connues sont tropicales et subtropicales. Les plantes de cette famille sont caractérisées par leur résine odorante et leur écorce lisse s’écaillant en lamelles.

Le Palo Santo est un arbre à feuilles caduques, de petite taille, pouvant atteindre 11m de haut.

Son écorce est lisse, de couleur gris violacé à marron cendré, montrant des lenticelles éparses (les lenticelles sont comme des pores permettant des échanges gazeux entre la plante et le milieu extérieur et pouvant servir de critère d’identification d’une espèce).
L’écorce et les rameaux ont une odeur d’encens caractéristique.

Les feuilles sont composées, imparipennées (elles ont un nombre impaire de folioles), alternes (elles ne sont jamais en vis-à-vis sur un rameau), regroupées en bout de rameaux et possèdent de 2 à 4 paires de folioles.
Les folioles sont glabres, lancéolées, oblongues, apiculées (elles ont une petite pointe terminale), sessiles (les folioles n’ont pas de pétiole, elles sont insérées directement sur la branche), aux bords crénelés, et font généralement de 3 à 9 cm de long.

Les fleurs sont regroupées en panicule à l’extrémité des rameaux. Elles sont petites, bisexuées (elles possèdent à la fois les pièces mâles, les étamines, et la pièce femelle, le pistil), et de couleur vert blanchâtre.

Le fruit est vert-brun, ovale, d’approximativement 1 cm de long.

La durée de vie reportée de l’arbre est d’environ soixante ans. Quand il meurt, sa composition chimique se modifie et se bonifie. D’ailleurs auparavant, seul le bois mort était récolté.

Le Bursera graveolens se trouve au Sud de l’Equateur et au Nord du Pérou, dans la forêt tropicale sèche, qui est un milieu propre à cette zone. C’est une plante subxerophyte qui vit entre 200 et 1200 mètres d’altitude.

Attention : le nom Palo Santo est un nom très commun en Amérique du Sud! Il est aussi employé pour dénommer d’autres espèces qui ne sont pas de la même famille. Le Palo Santo dit de la région du Gran Chaco (Bolivie, Argentine, Paraguay,…) n’est pas le Bursera graveolens !

Tumbes 11 mars 2014

J’ai été très gâtée pour mon dernier jour à Tumbes. Dalton, un des enfants de la famille, avait veillé tard hier soir pour m’offrir un dessin de Palo Santo. Il avait vu sur le site les dessins du concours sur le thème de la prairie fleurie et m’a fait un mix de Palo Santo et de prairie fleurie. Résultat il s’endormait sur son petit déjeuner !
J’ai ensuite traversé la route pour distribuer des livrets pédagogiques aux enfants de l’école. D’abord les grands (équivalent du CM2), puis les petits (CP) qui ont la sœur de Veronica comme prof, pour finir avec des CM1. Ils sont intéressés par faire des semis de Palo Santo, et par échanger des nouvelles avec des enfants français. Alors si une école est intéressée… A la fin, une des élèves est venue me faire un câlin avant de partir, et d’autres filles de la classe ont voulu faire pareil, j’ai eu une dizaine de petites dans les bras qui ne voulaient pas me laisser partir, j’ai fait provision de câlins !
Mais il a bien fallu repartir préparer mon sac, pour reprendre la Panaméricaine dans l’autre sens…

Tumbes 10 mars 2014

C’est la rentrée des enfants. Une fois partis à l’école, avec Véro, la femme de Miguel, nous allons rendre quelques visites dans le village, et j’en profite pour récolter un témoignage sur le Palo Santo. Après l’école, nous partons avec toute la famille pour visiter les fameuses mangroves de Tumbes. Mais avant, j’ai demandé à revoir une zone de Palo Santo dans laquelle nous nous étions promenés mercredi dernier, la seule avec des palos santos en fleur. Sauf que mes photos étaient floues, c’est le nouvel appareil photo de l’association et je ne trouve pas le mode macro ! Et comme depuis deux jours je ne capte plus le signal wifi de l’école d’en face, impossible de chercher sur internet comment ça marche. Les nouveaux essais de photos sont plus concluants…

 

C’est déjà ma dernière soirée à Tumbes, c’est passé incroyablement vite, mais finalement, ce n’est que le début de la collaboration entre Plante & Planète et l’UNT, représentée par Miguel !

Tumbes 9 mars 2014

Dimanche, journée en famille avec Miguel, sa femme Vero, et ses 3 enfants. En résumé : un témoignage de la grand-tante de Vero sur le Palo Santo et un peu de travail avec Miguel, puis piscine, pour finir par une promenade sur la formation rocheuse qui donne son nom au village, « Cerro Blanco »

coming off celexa mood swings.