Présentation rapide…
Amis de Plante et Planète, je m’appelle Elodie Plissonneau et je suis bénévole à Plante et Planète depuis un peu plus d’un an. Je me demandais pourquoi j’avais atterri en région parisienne il y a deux ans, mais je sais maintenant que c’était notamment pour rencontrer Nathalie. L’importance du lien qui unit l’Homme et le Végétal * était quelque chose que j’avais déjà en moi mais que j’ai redécouvert et renforcé grâce à elle et aussi grâce au voyage au Pérou. Je m’en vais vous conter ce pays, à travers mes expériences en tant que bénévole, mes rencontres humaines et avec la Nature. Encore une fois, merci à toi Nathalie, pour les contacts, les conseils, et les missions bénévoles, sans lesquels mon voyage aurait été très différent.
*si le grand H pour l’homme n’est pas toujours justifié, le grand V pour végétal est totalement légitime

Le Pérou, en quelques mots…
Un pays, des cultures, des traditions, des paysages, la forêt amazonienne, les montagnes incas, l’océan pacifique, la chaleur et pas seulement celle qui nous chauffe la peau, le Pérou, c’est aussi la chaleur humaine celle qui nous réchauffe le coeur.
13h d’avion, 10 000 km, c’est la distance qui sépare Paris de Lima, la capitale du Pérou, et pourtant on se sent tout de suite « chez soi », les Péruviens ont le don de nous accueillir comme si l’on faisait déjà partie de la famille et ils font tout pour qu’on soit bien avec eux. Bien sûr, il y a aussi eu des petites choses moins agréables… Moi qui aime bien dormir, le premier matin, je ne m’attendais pas à être réveillée à 5h45 par les coqs, il y en a un qui chante et après c’est les coqs de toute la ville qui s’y mettent, chez Miguel et Véronica il y a aussi 2 perruches très matinales qui poussent des cris stridents, et pour être sûr que plus personne ne dort à Tumbes, il y a les vendeurs qui hurlent dans la rue le nom de leur produits dans des mégaphones « caaaaaaaaaaaaarne – pescaaaaaado-ceviiiiiiche- » (viande-poisson-ceviche= plat local). La notion du bruit est très différente, en France on ne supporte pas le bruit, au Pérou on ne supporte pas le silence.
Histoire du voyage…
C’est en avril 2015, lors du superbe colloque « Plantes et savoirs, Dialogue des 5 continents » (encore une bonne idée de Nathalie ;)) que j’ai fait la connaissance de Miguel Puescas Chully, doyen de l’Université de Tumbes. Il m’a parlé du Palo Santo, de l’Université, et m’a fait part de son grand respect et engagement pour la protection de la Nature, il m’a dit que j’étais la bienvenue chez lui à Tumbes. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre.
Je suis donc partie seule cet été 2015 au Pérou pendant 5 semaines. Je suis allée à Tumbes pendant 10 jours, puis en forêt amazonienne et enfin dans les montagnes vers Cuzco. Tout comme Cécile, et Angélique & Terence avant moi, j’ai été hébergée chez Miguel en tant que bénévole Plante et Planète dans sa maison familiale à Tumbes.
Mes missions ont été les suivantes:
– valoriser l’éducation à l’environnement auprès des universitaires de l’UNT, des agriculteurs, des instituteurs
– animer des séquences d’éducation à l’environnement dans les collèges alentours
– discuter/échanger avec les populations rurales locales sur leur quotidien, et promouvoir la gestion durable des ressources
– planter du Palo Santo sur la concession de l’UNT

Le premier jour, Miguel et ses élèves m’ont accueillis et m’ont fait visiter l’Université de Tumbes (UNT). On est allé dans les enclos à chevreuils, ces derniers étant très chassés, l’UNT tente l’expérience de la reproduction en captivité afin de repeupler les alentours. Ils ont aussi un jardin avec de nombreuses plantes et bien entendu quelques Palos Santos. L’Université de Tumbes propose de nombreuses formations supérieures, notamment celle d’ingénieur forestier. C’est une université que j’ai trouvé dynamique, pleine de projets, ils ont aussi leur propre radio et chaîne de télé locale.
Ma mission principale à Tumbes a été de promouvoir « l’éducation à l’environnement », je suis animatrice nature à la forêt de Sénart dans le 91. Dans ce métier, une des choses les plus importantes à faire c’est de savoir s’adapter au public que l’on a en face de nous, adapter son discours, ses mots, ses activités, pour ça on a des méthodes pédagogiques. D’ailleurs voici un lien vers un pdf très bien fait sur « comment créer une animation nature » : www.enrx.fr/content/download/1344/3874/file
Bien sûr, quand il faut le faire en espagnol, avec des collégiens (je ne fais que des primaires d’habitude) dans un endroit inconnu, avec une faune et une flore méconnue, ça se corse un peu, mais on s’adapte on fait du mieux qu’on peut.
Je suis donc intervenue, accompagnée de Miguel et ses élèves dans trois collèges des environs de Tumbes : San Juan de la Virgen, San Yacinto y Rica Playa.
J’ai pu faire des séances d’1 à 2h à chaque fois, où je commençais par me présenter en tant que bénévole Plante et Planète, mes missions à Tumbes, et mon métier en France (pour qu’ils sachent que ce métier d’animateur nature existe, même s’il est encore peu développé au Pérou).
Après cela, je leur ai demandé la définition du mot « forêt », un espace peuplé d’arbres et de végétaux abritant des animaux, également utilisé pour les activités de l’Homme.
Et puis on s’est concentré sur l’arbre en tant qu’être vivant. Un enfant est venu dessiner un arbre avec chacune de ses parties afin qu’on puisse donner le rôle de celles-ci (racines-tronc-feuilles-fruits-fleurs), on a aussi donné les 4 éléments vitaux pour le végétal : eau, sels minéraux, lumière, air, et abordé des phénomènes telle que la photosynthèse.
Puis on a zoomé sur un arbre local, le Palo Santo, en distribuant le précieux petit livret, créé par Nathalie et Hélène, qui nous sert de support pour en savoir plus sur le Palo Santo, on leur a également fait sentir ce bois pour éveiller leur odorat.
Enfin, à la fin de l’animation, nous sommes sorti dehors dans la cour de récréation pour faire un jeu sur les chaînes alimentaires, où chaque enfant a une image autour du cou (renard, lapin, herbe, sanglier, homme…) et quand j’appelle un couple d’éléments, celui qui mange l’autre doit courir après et le toucher. Ainsi, des chaînes alimentaires se forment. A la fin, je choisis 4 éléments, les enfants doivent me dire qui mange qui. On se retrouve avec la feuille mangée par la chenille, mangée par l’oiseau, mangé par le renard, chassé par l’homme. Admettons qu’une maladie dévaste l’espèce dont les feuilles étaient mangées par la chenille, que se passe-t-il pour celle-ci? Elle va probablement mourir puisqu’elle ne trouvera plus sa nourriture spécifique. L’oiseau trouvera moins de chenilles, le renard étant opportuniste et malin, trouvera toujours quelque chose à se mettre sous la dent et l’homme réussira à chasser le renard. L’objectif pour les enfants étant de comprendre le lien vital entre homme-animaux et végétaux et de prendre conscience que lorsqu’un maillon de la chaîne est cassé, c’est toute la chaîne qui est fragilisée. Ce jeu conceptuel a beaucoup plu aux enfants, étudiants et instituteurs.
Pour les étudiants et adultes, notamment les agriculteurs de Pena Blanca puis ceux de Piura, j’ai présenté mes missions bénévoles P&P, et l’importance de l’éducation à l’environnement. En effet, nous faisons face à des problèmes environnementaux graves, et nous savons qu’ils sont générés par des comportements et des activités humaines néfastes, basés sur une vision destructrice de la Nature, l’Homme ne veut pas accepter la Nature mais il veut la soumettre à ses envies. Il faut donc une prise de conscience, pour changer la vision des choses, et générer un changement de comportements, et cela passe par l’éducation.
Aussi, nous avons planté du Palo Santo dans la concession de l’UNT. C’était un moment fort pour moi, j’ai donné le nom d’un membre de ma famille à chaque plant, ils peuvent se vanter d’avoir une vie végétale au Pérou.
Enfin, dans le labo de l’UNT j’ai pu assister à la création d’huile essentielle de Palo Santo, grâce à un système de distillation. Pour 8kg de bois (chauffé dans un peu d’eau) on obtient environ 32 ml d’huile essentielle.
La Palo santo est un arbre qui m’a marqué, par son odeur, par sa légende, par le fait qu’il pousse dans des forêts tellement arides et par le lien spirituel qu’il représente entre l’Homme et les esprits (utilisé par les chamanes en combustion).
Mon ressenti
Pour finir, je vous partage ce poème que j’ai inventé le dernier jour d’aout, un poème pour ce mois que je ne voulais pas quitter.
(Merci pour tes 31 jours de pur bonheur au Pérou!)
Le premier jour de ton mois
je quittais Tumbes avec émoi
en passant par Piura
Les agriculteurs on rencontra
Avec Miguel on s’est séparé
Peu après mes larmes ont coulé
Moi vers le Sud, lui vers le Nord
Ici ce sont achevés nos efforts
Puis ma route j’ai continué
A Lima me suis arrêtée
dans la belle maison d’Eduardo
Una noche y mi vuelo
Jusqu’à Iquitos, chez Elvis
sa femme, ses fils, et Araliz
Après 9h de bateau jusqu’à las pebas
Carmen, Caridad mais pas de piranhas
Et bien sûr le péqué péqué
A Brillo Nuevo nous a amené
pour rencontrer la tribu Boras
desquels je ne serai jamais lasse
Le 16 j’étais à Cuzco
La montagne qu’est ce que c’était beau
et aussi qu’est ce que c’était froid
Mais l’esprit Inca était là
C’est ce dernier qui m’a marqué
les trois mondes moi j’y croyais
Puma, Serpent et puis Condor
cet ultime à la cité d’Or
Machu Picchu, Titi Caca
vous m’avez bien mis en émoi
Cet amour pour la¨Pacha Mama
A jamais je l’aurai en moi
Pour finir ce poème en beauté
je vous invite tous à aimer
Notre magnifique Madre Tierra
Autant que l’aime le peuple Inca
Devenons aussi RESPECTUEUX qu’eux
Et demain TOUT IRA MIEUX
La vision occidentale et capitaliste, tout comme la chrétienté nous amène à penser que la Terre n’est qu’un support, un substrat, riche de ressources naturelles qui ont été créé « spécialement pour l’Homme » et alors il n’y a plus qu’à se servir, creuser la terre, extraire ses minéraux, piller son sol, polluer ses champs, polluer son eau, polluer son air, extirper le pétrole et ne baser l’économie que sur ça (fioul, gazole, kérosène, essence, GPL, plastiques, textiles synthétiques, caoutchoucs synthétiques, tout est en plastique aujourd’hui même les nichons!…). Ben oui le pétrole il faut tout baser sur ça, on en aura toujours, puisqu’on en aura plus en 2050 ou 2100 et que ça met des milliers d’années à se transformer! Mais la Terre s’en remettra faut pas s’inquiéter!
Peut être et sûrement même que la Terre s’en remettra, par contre nous les humains, une fois qu’on aura pollué l’eau, le sol, l’air et qu’il ne restera plus rien, on ne va pas manger nos billets!
Et que doivent pensez les Incas de tout ce que subit la Terre, alors qu’ils la considèrent comme un être vivant, comme la mère de tous, notre mère, qu’on essouffle, qu’on pille, qu’on viole, qu’on ne respecte pas.
Les Incas n’ont pas oublié que la Terre était vivante, ils lui parlent, ils lui font des offrandes, ils la célèbre, ils l’aiment et la respectent comme leur propre mère.

Ce voyage au Pérou, cette rencontre avec la culture Inca, et ce moment riche en énergie que j’ai ressenti quand je suis arrivée à 4100m au temple de la Pacha Mama (Terre Mère), qui date de -5000 avant JC, m’a fait me rendre compte que :
la Terre est bel et bien vivante, encore faut-il savoir l’écouter
Elodie.